Et si la campagne manchoise n’était rien d’autre que le paradis originel avec ses pommes, ses senteurs, ses couleurs, comme des peintures impressionnistes bucoliques qui offrent à la vue un spectacle ? Un tableau tout en nuances de verts, d’ocres et de dorés flamboyants, de rouge parfois quand les couleurs de l’automne teintent le paysage ? Une toile aux coloris d’orange et de jaune qui dansent dans un tourbillon de feuilles évoquant un camaïeu de tonalités chaudes qui vont du doré au pourpre, en passant par le violet et le brun rougeâtre ? Un Eden champêtre qui inspire la rêverie et la douceur de vivre, mais sans le serpent tentateur !

Utah Beach, l’une des merveilleuses plages de la côte est du Cotentin, Ô combien chargée d’histoire depuis le débarquement et la libération de l’Europe en 1944 par les armées alliées.

Mon livre est une invitation à découvrir le monde rural ainsi qu’une mer dont les rouleaux s’écrasent sur des plages de sable fin. Il s’agit également d’une immersion dans les petites histoires du pays à travers les mythes et les légendes manchoises. “Doit-on croire à tous ces mythes?” demandai-je un jour au vieux Tancrède. “Il n’est pas question d’y croire ou non”, maugréa-t-il, “car il y a des goubelins dans les villages, tout comme il y a des dames blanches maléfiques dans les marais et des varous qui pactisent avec le diable et font entendre leurs jérémiades jusqu’au plus profond des cimetières”. Tout un programme ! Alors, amis lecteurs, si vous ne craignez pas les gentils monstres et les trésors du diable, suivez-moi dans ce projet un peu fou mais plein de surprises qu’est cette escapade en Cotentin ! Venez flâner au pays des goubelins ! Amies lectrices, vous prendrez bien, au gré de ces promenades, un petit peu de recettes normandes !

Je me souviens du bord de mer où je pêchais des crevettes grises et autres bouquets, voire un petit bar suicidaire ou une lisette, juste à la taille, au bout de l’hameçon.

Ce second livre d’Eric Guerrier se veut une ode aux paysages champêtres et aux bords de mer du Cotentin. L’auteur promène cette fois-ci le lecteur de la porte du Cotentin jusqu’au Cierge de Gatteville, en passant par le Versailles Normand et les ruines d’Alauna.
Il y décrit un spectacle enchanteur, alors qu’au loin le faon s’ébroue en profitant de l’herbe fraîche et que le merle siffle quelques notes, comme pour rendre hommage à la nature qui s’éveille. Une vieille barque à demi-couchée sur le côté semble attendre que le marais redevienne ce lac immobile, typique de l’hiver. Au milieu du silence, on entend les cris des mésanges et le chant du vent dans les saules et les frênes. Plongez dans ce merveilleux pays du Plain avec ses architectures, ses aventures et ses légendes.

Extrait d’Escapades en Cotentin – Flâneries au pays des goubelins par Eric Guerrier

“Mes fenêtres se sont fermées depuis déjà trop longtemps pour m’isoler d’un monde cruel, opportuniste et individualiste. Je ne sens plus les rais du soleil qu’au travers des lames cassées de mes persiennes, leurs gonds rouillés ont bien du mal à supporter le temps qui passe, mes parquets sont en friche, mon âme aussi ! Moi, la maisonnette où tu as passé ton enfance, ou c’est passé avant toi celle de tes parents et peut être de tes grands-parents, pourquoi m’as-tu abandonné ? Des ronces couvrent maintenant ma façade, les lierres s’accrochent encore à mes vieilles pierres, même mon toit pleure les jours de mauvais temps et ma vieille charpente grince faisant des plaintes comme des giries qui déchirent les longues soirées d’hiver. Que sont devenus les cris joyeux de la maisonnée quand la famille se réunissait autour de la vieille table en chêne qui trônait devant la cheminée et dont l’âtre fumait en réchauffant mes poutres et mes planchers, mes murs s’effritent dorénavant, mon cœur aussi. Ou sont passées les années de bonheur, le charme d’antan et la joie des enfants piétinant les fleurs du jardin, où est passé la vie ? (…)

Je croisais un jour une sainte femme qui fleurissait tous les jours l’autel de la chapelle des marins et qui connaissait tout sur tout, et surtout sur tout le monde ! On m’avait soufflé qu’elle possédait un vieux grimoire qu’elle tenait d’une arrière-grand-mère et qui contiendrait les secrets des onguents et des potions ! Elle me raconta qu’un jour, dans une époque reculée, une misérable fermette au toit fait de paille et de roseaux, perdue dans le paysage bucolique du bois de Petronille, et qui s’élevait isolée à flanc de coteau, abritait un couple de pauvres miséreux qui devinrent très riches, grâce au diable assurément. Il n’en fallut pas plus pour attiser ma curiosité… (…)

À mes questions inquiètes, elle balbutia plutôt qu’elle ne parla : “Méphistophélès et l’infâme dame blanche seraient apparus au moulin maudit de la Poindrée !”