Le thème de mon livre est avant tout la Liberté. Harlem-Paris traite du combat de certaines personnes pour retrouver leur dignité, face à l’oppression, qui prend dans ce roman des formes diverses. Du New York de 1936, où règne une certaine ségrégation sociale et raciale, à la France occupée, j’ai voulu jeter un pont entre les deux continents, dans deux contextes qui, à première vue, n’ont rien à voir l’un avec l’autre, mais qui sont liés par le narrateur, Henri Lebèque, jeune ingénieur français. Henri Lebèque côtoie la pègre new yorkaise, qu’il combattra, tout comme les Allemands, contre lesquels il luttera dans la Résistance en 1944.

Les lecteurs de tous âges pourront aisément entrer dans cette histoire originale, et faire connaître ce roman, qui par sa sensibilité et son caractère historique, ne pourra laisser le public indifférent. L’aspiration de ce livre est de démontrer que la Liberté n’est pas gratuite et qu’elle se conquiert face à toutes les menaces humaines et politiques.

Extrait

Ce soir la lune joue avec les barreaux. C’est étrange. Depuis que je suis ici, je n’ai pas souvent aperçu les voiles qui entourent l’astre, dans la nuit qui s’installe. Les oiseaux sont taiseux, on dirait qu’ils sentent quelque chose. L’automne arrive. Bientôt, je pourrai contempler le changement des couleurs des arbres de la cour, la lente mue des platanes, verts puis roux, puis nus. Ce sera l’hiver, dans quelques semaines. Je ne sais pas si nous aurons de la neige cette année. Ce n’est pas tous les ans. J’aimerais bien en voir, peut-être une dernière fois, avant de quitter cet endroit, avant de quitter ce pays, ou avant de mourir.

Encore une heure avant le repas. Je vais lire sur mon piètre lit. A l’heure où j’écris ces lignes, j’entends à peine mon voisin, à côté, qui parle souvent tout seul. Il prie. C’est un catholique. Je crois même qu’il a été séminariste. Arrêté lors d’un contrôle, il a nié avoir craché devant une sentinelle. Cela ne les a pas empêchés de le tabasser. Depuis, il a un peu perdu le sens. Il s’est retrouvé dans quatre mètres carrés avec des punaises, et des moineaux jouant sur le bord de sa fenêtre au petit matin. La transition a été un peu difficile pour lui, d’autant plus qu’il n’a personne à qui écrire, contrairement à moi.

Depuis l’exode, les jeunes hommes ont été particulièrement surveillés par les services du renseignement. Je me suis caché comme tous ceux de ma génération, entre deux boulots au noir, dans les garages ou les usines du coin. Je n’avais pas de mal à trouver de quoi m’occuper. Facile, avec un titre d’ingénieur en mécanique. J’aurais tout aussi bien pu travailler pour ceux qui nous occupent actuellement. Au garage Rodier, le patron m’a fourni de nouveaux vêtements, assez classes pour tout dire, un complet veston et une cravate toute neuve. Quant aux chaussures, je me suis arrangé avec un employé qui taillait comme moi, ou à peu près. Les chaussures, c’est un vrai souci. Ou c’en était un…