Ce livre est une autobiographie qui retrace mon parcours de vie, dont certains passages peuvent faire croire à un roman tant le récit est captivant. Il trouve son originalité dans sa singularité. C’est pour cela qu’il faut participer à sa création, tout public : inspiration oui par le vécu, aspiration oui, l’envie d’être lu et relu et pour les autres livres en cours de gestation.

Extrait

À table nous devions nous taire, si nous parlions entre nous, il avait toujours un jugement négatif sur ce que nous disions. Oui, nous étions sous son joug arbitraire, une chappe d’ignorance et d’a priori stériles « plombaient » notre esprit d’enfant. Nous taire était le sauf-conduit qui nous libérait des risques de sa connerie. Notre intellect en cours de formation devait s’atrophier de tout ce qu’il avait d’imagination et de rêves. Nos discussions ne devaient pas dépasser la jauge de son intellect ni son cadre de référence. Je redevenais un niais, un soumis, un taiseux mais la rébellion couvait en moi. En pension, j’ai appris à respecter les règles de vie en commun, mais jamais nous, nous sentions soumis ni dominés, le rapport de force entre adultes et enfants m’était alors inconnu.

Je n’avais pas encore expérimenté le comportement « castrateur » qui consiste à interdire toute forme d’expression, et à soumettre, à écraser, à annihiler des enfants. J’ai très vite souffert de cet état d’abêtissement quotidien, cette corde d’ignorance et de bêtise, qui était le long de ce sombre chemin, il ne fallait jamais la lâcher, coûte que coûte il fallait accepter cet état d’aliénation. Il ne fallait jamais faire montre de connaissance qui le dépassait, nous étions aussitôt rabroué et remis dans cet état idiot. Nous étions amarrés au néant, cet épais linceul nous couvrait, il assombrissait nos jours et attristait nos nuits. Ce père ne supportait rien qui le dépassait, car tout ce qui était nouveau pour lui, était mauvais, car (je suppose) cela devait refléter l’étendue de son ignorance. Socrate disait : « Le premier savoir est le savoir de son ignorance : c’est le début de l’intelligence. » Il nous dominait, nous ne devions rien savoir de plus que lui.