Ces dix-neuf nouvelles mettent en scène, pour la seconde fois, mon duo d’enquêteurs, la lunatique commissaire Mélanie Kuntz et le nonchalant inspecteur Philippe Nortier, dans une ville imaginaire de France, Altys, située entre mer et montagne, et qui s’apparenterait à une combinaison entre Nice et Grenoble.

Ces histoires sont autant de rapports d’enquêtes, toujours contés par l’inspecteur Nortier. Toutes peuvent se lire indépendamment les unes des autres, et indépendamment du premier livre, Kuntz et Nortier – Le châtelain et autres enquêtes.

Dans ce second opus, l’accent est mis sur l’ambiguïté de celui qui commet un délit, en particulier lorsqu’il s’agit de défier l’ordre en place. Ainsi, la problématique environnementale, très contemporaine, et les moyens déployés par celles et ceux qui usent d’une forme de violence en son nom, y trouvent une place toute particulière. Quoi qu’il en soit, ces dix-neuf nouvelles oscillent entre sérieux et grotesque, avec une part de mystère que j’aime conserver, y compris la dernière page tournée.

Extrait de Kuntz et Nortier – Les vaincus et autres enquêtes par Bertrand Lagrange

     « Le maire de Lons-les-Bains fixait Mélanie Kuntz d’un œil ahuri, comme s’il avait du mal à saisir la logique mystérieuse animant cette étrange commissaire venue de la lointaine Altys. Une martienne sur Terre ou une terrienne sur Mars, ça se résumait à peu près à ça. Je voyais bien que Mélanie Kuntz refusait de prendre trop au sérieux cette enquête naissante, et ça me mettait quelque peu mal à l’aise, tant de désinvolture de sa part, alors qu’il y avait tout de même eu un mort, un curé qui plus est, vilainement poignardé… À la fois, « NON aux nouveaux termes ! », en lettres de sang, sur un pilier d’église, on n’avait pas idée ! Et avec cette très probable faute d’orthographe, ce « h » qui manquait, c’était le pompon ! Monsieur le maire avait sans doute raison, tout cela sonnait comme une mauvaise blague…

— Savez-vous, commissaire, que les sources d’eau chaude de Lons-les-Bains étaient déjà connues du temps des Romains ? Le plus vieux bâtiment de nos actuels thermes en atteste. Il date de cette lointaine période de l’antiquité. Les plus récents, eux, ont été construits durant l’entre-deux-guerres, il y a presque cent ans, tout de même… C’est donc peu dire que notre station thermale a grand besoin d’un petit coup de jeune !

— D’où ce projet de nouveaux thermes dont tous les journaux parlent, un projet incluant un vaste complexe immobilier et hôtelier qui se situerait, cette fois, sur les hauteurs de Lons-les-Bains, plus précisément du côté des hauts plateaux, c’est bien cela, monsieur le maire ?

— Notre ville a été construite autour des sources chaudes, qui sont toutes localisées en fond de vallée, c’est un fait, commissaire… Mais, aujourd’hui, avec les moyens techniques qui existent, nous pouvons acheminer l’eau chaude à des kilomètres à la ronde. Reste le problème du soleil, si cher aux thermalistes… On ne peut tout de même pas dynamiter nos montagnes ! Notre vallée est particulièrement encaissée, c’est comme ça, et vous avez sans doute pu vous en rendre compte par vous-mêmes. Ici, seules les hauteurs gardent le soleil jusqu’au soir… »