Où une boule de papier mâché prend son autonomie et s’en va chercher l’inspiration dans la nature environnante.
L’auteur lui-même en quête d’inspiration entraîne la boule chaque fois un peu plus loin.
Rendre vivants des personnages et donner du rythme à une histoire.
La nature est périurbaine, le lieu et l’époque indéterminés.
La boule adolescente peut plaire dès l’adolescence.
Donner au lecteur envie d’art et de nature.
J’ai aimé Au château d’Argol, de Julien Gracq, où la nature domine les personnages, Corrections, de Thomas Bernhard, où les personnages défient la nature.

Quelqu’un quelque part façonne une boule de papier. Non pas de papier froissé mais de papier mâché. Ce quelqu’un réalise une sphère passable. La lumière venant d’un côté, une ombre se forme de l’autre. L’individu trouve en somme que la boule le regarde. Il s’y reconnait même. C’est pourquoi il emmanche la boule sur une pique.
Parce que lui-même est ainsi fait. Deux mains se révélant nécessaires à la fabrication d’une boule emmanchée sur une pique, il en imagine de pareilles pour son bonhomme.
Il contourne à la craie sa main sur une feuille de carton gris. Il renouvelle l’opération avec l’autre, plus maladroitement peut-être. Il découpe le dessin avec la paire de ciseaux dont il se sert parfois comme d’une paire de lunettes. Content d’en venir à bout le créateur sourit. Il fait en sorte que sa créature l’imite. « Comme ça on pourra rire ensemble ! » lui dit-il. L’autre lui répond que le rire c’est aussi les yeux. La boule aimerait en avoir un grand nombre. Certains seraient dans l’ombre, d’autres dans la lumière. Cela étant entendu à raison d’une seule paire, l’homme et la boule échangent un regard. On devine chez elle déjà quelque chose derrière… Vu qu’elle ne ment pas bien, l’homme lui peint les joues. Il remplace la pique par une paille afin que le rouge circule. De même des faisceaux de paille font les membres. L’homme les articule grosso modo pour que ça dure un bon bout de temps. Puisque la marionnette ignore le temps, son concepteur s’absente. À son retour elle a trouvé le temps long et ils rigolent ensemble. Le premier réflexe des mains à peine montées est de tourner les paumes vers soi. Le regard plongé dans le creux de ses mains la marionnette se demande qui elle est.
Elle en oublie son créateur qui cependant n’a pas fini. « Nous n’avons pas terminé », dit-il à celle qui se sent pousser des ailes. En guise de leçon, l’artiste annonce qu’il s’arrête là pour aujourd’hui.