Je porte ce livre en moi depuis longtemps. Il explore les cicatrices invisibles, celles que l’enfance laisse derrière elle et que l’on tente d’oublier, sans jamais vraiment y parvenir.

Mon roman est une plongée dans la mémoire fragmentée d’une jeune femme qui lutte contre ses fantômes, entre souvenirs enfouis et réalité trouble. Il oscille entre tension et introspection, entre silence pesant et éclats de violence. L’originalité du récit réside dans son rythme, son atmosphère quasi hypnotique. L’histoire n’est pas linéaire : elle se construit par bribes, par éclats de conscience, à la manière d’un puzzle émotionnel où chaque pièce apporte une nuance nouvelle au portrait de Maxine, mon héroïne.

Participer à ce projet, c’est entrer dans cette atmosphère, c’est m’aider à donner corps à une histoire où la peur et la résilience se mêlent intimement. C’est aussi encourager une narration qui prend le temps de creuser l’âme humaine, avec tout ce qu’elle a de plus fragile et de plus féroce. Ce livre s’adresse à celles et ceux qui aiment les récits psychologiques, les ambiances immersives, et les histoires qui, sous des dehors inquiétants, parlent profondément de l’humain. Il aspire à tracer sa propre route, avec son propre rythme, sa propre voix. Et cette voix, j’aimerais la partager avec vous.

Extrait

Le chemin rugueux sous mes pieds se transformait peu à peu en un sentier boueux. Je me faufilai dans une petite allée, marquée par des fleurs et des feuilles écrasées et fanées, vestiges de vie autrefois vibrante, désormais éteinte. Quand je relevai la tête, je le vis enfin.
Le portail rouillé. Il était là, exactement comme dans mes souvenirs. Tordu, fatigué, ses
barreaux entrelacés de lianes sèches qui semblaient vouloir le retenir prisonnier. La peinture, autrefois verte, s’écaillait par endroits, révélant une surface noirâtre. Je m’arrêtai à quelques mètres, incapable d’avancer davantage. Mes jambes refusaient de bouger. Devant ce portail, la maison elle-même semblait respirer, exhalant une présence lourde et sournoise qui me clouait sur place. Mes mains tremblaient. Je les serrai en poings pour les arrêter. L’air autour de moi s’était alourdi, ou peut-être était-ce mon souffle qui se bloquait dans ma gorge. Je déglutis, mais cela ne changeait rien.

J’aurais pu faire demi-tour. Mais je ne le fis pas. Je restais là, devant le portail, une éternité ou une seconde, incapable de bouger. Mes yeux suivaient les lignes tordues des barreaux rouillés, chaque fissure, chaque éclat, comme si je cherchais un signe une réponse. Mais il n’y en avait pas. Juste ce portail, aussi dégradé que la mémoire qui me rongeait. Ma main se leva, presque malgré moi. Le métal était froid sous mes doigts. Je le poussai doucement, et le portail grinça, un cri strident qui résonna dans le silence environnant. Ce bruit me glaça, mais je ne m’arrêtais pas. Le vent souffla violemment entre les barreaux, agitant des feuilles mortes qui tourbillonnaient autour de mes pieds avant de disparaître dans la noirceur du jardin.
Je savais que je ne devrais pas y entrer. Ça faisait dix-sept ans que je m’étais jurée de ne
jamais revenir ici, que je m’étais arrachée de cette maison, coupant tout lien avec eux. Mais les circonstances m’avaient forcée à revenir, malgré la peur, malgré la colère. Les héritages ne se fuyaient pas, même quand ils étaient empoisonnés.