Violette Rouillond, avocate pénaliste, se retrouve à défendre Charlotte Le Goff, une ancienne camarade de classe accusée du meurtre de son ex-compagnon, Marco Dibali – un cordonnier très apprécié à Pont-Aven, qui se révélait haïssable en privé. Une histoire où se mêlent tensions personnelles, secrets enfouis et quête de justice.

La manière dont s’entremêlent l’enquête judiciaire et le parcours intime de l’héroïne donne toute sa dimension à l’ensemble. Loin d’un simple thriller procédural, ce récit joue habilement avec la psychologie des personnages, notamment le duo complexe formé par Violette et Charlotte. Entre les non-dits, les doutes et les faux-semblants la tension ne faiblit jamais. Chaque révélation apporte son lot de surprises et redéfinit les certitudes du lecteur, jusqu’au dénouement, aussi inattendu que percutant. L’écriture, fluide et immersive, sert parfaitement l’histoire. Le rythme est maîtrisé, les dialogues sonnent juste, et l’intrigue progresse sans temps mort. Enfin, la question de la résilience, discrète mais essentielle, apporte une profondeur supplémentaire au récit, et c’est sans doute ce qui le rend si marquant.

Un épisode douloureux de l’enfance de Violette est notamment décrit lorsqu’elle entrouvre son journal intime. Ces quelques lignes sont empruntées à un fait réel dont l’auteur a recueilli le témoignage, cinquante ans plus tard.

Extrait

Au retour de la suspension de séance pour cause de déjeuner, la parole fut donnée à la défense.
— Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les Jurés, j’ai l’honneur de représenter devant vous la jeune femme ici présente, Charlotte Le Goff. L’occasion m’est donnée de vous proposer une autre lecture de ce dossier. Reconnaissez-le, l’argumentation de Monsieur l’Avocat général est purement et simplement basée sur un soupçon. Le compte-rendu de la reconstitution, cela ne vous a pas échappé, a été peu instructif. La faiblesse du dossier d’accusation ne résiste pas à une observation attentive des faits. Je vais vous le démontrer.

À peine commencée, la plaidoirie s’interrompit. Violette, toute pâle, retourna s’asseoir. La stupéfaction saisit l’auditoire. Tête baissée, elle prit le temps d’une profonde inspiration. Émergeant du malaise vagal qui débutait, elle se redressa, respira à nouveau, rajusta lentement sa toge et revint au centre du prétoire. Maître Violette Rouillond fixa alors la Cour et retrouva, comme si de rien n’était, la fermeté de sa voix.

— En m’adressant à vous, je suis prise de vertige et j’ai peur. J’ai peur, je ne vous le cache pas. Peur des apparences qui désignent à votre regard cette jeune femme comme forcément coupable. Forcément, pourquoi ? Parce que vous n’avez, pour le moment, rien d’autre à vous mettre sous la dent. Forcément, parce que cette femme était dans le coin, tout simplement. Tout près. Trop près !
Cette femme, depuis sept ans, s’est affirmée, a pris des responsabilités, s’est épanouie. Nous en reparlerons. Mais allons à l’essentiel !