Le thème de premier recueil concerne les liens intimes entre un hêtre et mon petit-fils, Esteban. Quand celui-ci l’a découvert dans une clairière d’un bois où je cherche souvent des champignons, il a flashé véritablement sur cet arbre majestueux au pied duquel d’ailleurs il a trouvé un magnifique cèpe comme si cela était un signe de connivence évident. J’ai donc, par la suite, inventé plein d’histoires dont le héros était cet arbre, comme si c’était un témoin privilégié et essentiel de l’histoire du monde et de notre vie.
Esteban me demande sans cesse des nouvelles de l’arbre qui semble bien lui aussi être très attaché à ce petit garçon, qui, désormais, sait lire et peut ainsi faire profiter sa petite sœur, Emmy, de sa nouvelle compétence.

Un peu plus sur l’auteur
Jean-Michel Mercier. 73 ans. Retraité de l’Éducation Nationale. Ancien enseignant puis gestionnaire d’établissement scolaire. Passé littéraire : œuvres poétiques de jeunesse essentiellement militantes des années 70/80.

Extrait

Le hêtre et le dinosaure

Comme le sait bien Esteban, je parle souvent avec les arbres et les animaux.
Parfois le dialogue est difficile, parfois cela se passe facilement. Avec le hêtre que vous connaissez bien, les enfants, la communication passe très bien.

Il est vrai que nous nous connaissons depuis longtemps et qu’il connaît bien également Esteban et Emmy.
L’autre jour, j’étais assis à son pied et je regardais la nature aux alentours en rêvassant. À un moment donné, je me suis adressé à lui ; « Tu sais, cher magnifique hêtre, qu’Esteban s’intéresse particulièrement aux animaux préhistoriques : dinosaures, iguanodons, et autre tyrex.. Ce serait amusant de savoir si certains d’entre eux ont fréquenté un jour ce lieu où nous nous trouvons ! »
Et bien, me répondit-il, tu ne crois pas si bien dire. Bien sûr, je ne suis pas assez vieux pour avoir connu ces drôles d’animaux qui hantent l’imaginaire des enfants comme Esteban. Mais j’ai eu des ancêtres très très lointains qui, eux, les ont bien connus et reconnus. Et mes parents, mes grands-parents, mes arrières et arrière-grands-parents et avant eux leurs ancêtres racontaient souvent aux jeunes générations tout ce qu’ils avaient vécu auprès de ces monstres. Tu le sais bien, un arbre comme moi vit des centaines d’années et c’est ce qui fait notre force et notre expérience : d’ailleurs bien des hommes devraient en prendre conscience quand ils osent nous couper. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que, mêmes coupés, nos racines demeurent et nous continuons à communiquer entre nous tous, jusqu’aux arbres très lointains, grâce à nos racines : nous n’avons pas besoin d’internet pour nous échanger des informations.