Le livre est construit autour de la vie de Clémence, petite fille africaine de la forêt profonde et fille d’un chef de tribu du Mayombe. C’est sa grand-mère douée de pouvoirs occultes, qui lui fait découvrir la vie. Elle tombe amoureuse d’un jeune chinois de Canton. Peu après, il est tué par un Africain jaloux des pouvoirs de Clémence. Elle se venge, et entreprend de s’émanciper par les études. Elle deviendra médecin. En toile de fond, c’est aussi l’histoire du colonisateur français et la construction du chemin de fer Congo Océan.

Le livre est écrit pour tous ceux qui veulent comprendre l’Afrique, les Africains et les Européens. Tout n’est pas en noir et blanc. Cette histoire peut les aider à sortir des pièges de la décolonisation et des fausses idées que l’on se fait de la colonisation.

« … Le ciel était lourd, comme toujours, à Pointe Noire. C’était la nuit, tard vers minuit. Il ne pleuvait pas mais un vent tiède qui venait de l’océan annonçait la pluie, tous les jours à cette saison. L’obscurité n’était pas opaque, car l’éclairage de la rue clignotait à travers les arbres, énormes, aux larges feuilles, aux racines qui soulevaient la route. Le long de la route, des immeubles bas, des maisons de toutes les couleurs, de ce style que l’on trouvait pour la première fois au début du XXe siècle, dans les années trente. La rue était en ciment, de grandes plaques un peu disjointes, encore solides.
Seul le silence répondait aux bruissements des insectes, affolés par la lumière, au frottement d’un animal quelconque dans les hautes herbes. Pointe Noire, Ponton la Belle, était comme ça : un peu à l’abandon. Toujours agitée mais jamais changée….
La nuit était un peu rose pâle au loin vers l’océan, à la surface de l’eau, éclairée par les points lumineux des torchères des plateformes pétrolières. Des vagues énormes, une inquiétude peut-être qui venait avec le vent.
La lourde voiture noire apparut soudain au coin de la rue roula lentement le long du trottoir. L’éclat luisant des vitres faisait presque vivre cette énorme masse noire. Elle s’arrêta silencieusement. Pas un bruit. La portière lourde et épaisse du chauffeur s’ouvrit dans un chuintement mais se referma brusquement avec un bruit sourd. La belle voiture était à l’arrêt devant un jardin clos. Une porte arrondie, quelques marches. Des formes de pierre arrondies, ce qui donnait à l’ensemble la forme d’un dragon.
… Le chauffeur, le vieux Alphonse, ne bougeait pas. On avait un peu peur de lui…. Sur les sièges arrières, était assise une femme très vieille qui s’appelait Clémence N’Batemi. Tout le monde et personne ne la connaissait. Certains pensaient qu’elle était morte depuis longtemps, que sa silhouette noire sortait du sombre Mayombe, les soirs de tempête avec une armée de mambas noirs, pour punir…
“Alphonse referme la portière, je ne veux rien entendre” … Son visage était impassible derrière ses lunettes aux verres noirs et épais… Elle commence à ouvrir la portière. “Attendez !” murmure Alphonse. Une grosse voiture plate glissa dans l’ombre en silence. Ils surveillaient qui ? Trafic, meurtre, drogues, politique…
Clémence entra dans le cimetière et disparut au fond… Au bout d’un instant elle sortit du cimetière. Il faisait une chaleur épouvantable ;
.. les rides noires de son visage immobile luisaient de larmes « 

ENTRÉE DU « PETIT CIMETIÈRE CHINOIS » (POINTE-NOIRE CONGO)

LIEU DE RECUEILLEMENT (TOMBE CHINOISE)

TOMBE CHINOISE : « Ici repose les travailleurs chinois… » peut-on lire.
« 1931/1932 pour la construction du chemin de fer Brazzaville-Pointe-Noire ».