Le thème de ce livre est l’obéissance aux parents. Son originalité : c’est un conte qui se passe dans les années 60 à La Réunion dans lequel je fais vivre deux figures qui existent dans l’imaginaire populaire de l’île : le diable que j’ai nommé Pakok (dans les légendes, il ne l’est pas, on l’appelle Gran-diab) et Grand-mère Kale. Dans cette histoire j’ai inventé d’autres personnages qui apparaissent dans les mésaventures que vont vivre Fifine et son petit camarade Ti-Fred tel que PATTE-TORTE. C’était un nain qui travaillait pour mon grand-père maternel et qui avait les jambes arquées. Il y a aussi des décors dans lesquels j’ai vécu : les bambous qui se trouvaient au fond de la cour de mes grands-parents maternels et qui me faisaient peur quand ils grinçaient le soir sous le vent, la fenêtre de ma chambre qui fermait très mal et à travers lesquelles je voyais la nuit, la rivière dans laquelle je me suis baignée accompagnée de la domestique qui lavait le linge, j’ai mangé les framboises sauvages que je trouvais aux abords des sentiers… Enfin, dans ce conte il y a aussi l’amitié et la solidarité qui lient des enfants dans les aventures qu’ils vont vivre ensemble.

Je pense que le conte est la meilleure façon d’inculquer aux enfants des valeurs telles que l’éthique, la morale, le respect des autres, et d’autres aspects de la psychologie humaine qui peuvent nous aider dans la vie de tous les jours, enfants comme adultes.

Ce livre sera en version bilingue : langue française et créole réunionnais.

Extrait

Puis dans les environs de trois heures de l’après-midi, pendant que le linge séchait au soleil sur les galets, Fifine s’endormit sous un pied de vacoas. Lorsque, tout à coup, elle se réveilla brutalement et entendit une petite voix dans son oreille qui lui disait :
— Fifine, Fifine, tu as encore désobéi à tes parents, attention, il t’arrivera un malheur. Ce soir Pakok le diable viendra te chercher si tu continues ainsi à ne pas écouter les conseils de tes parents ! Fifine, surprise, regarda partout autour d’elle, mais elle ne vit personne ! Il n’y avait qu’un petit oiseau qui sifflait sur une branche de vacoas au-dessus de sa tête. Fifine était comme pétrifiée. Elle avait l’esprit bien agité. Sur le moment, elle ne pouvait plus se rendormir. Pendant ce temps-là, le linge avait bien sêché sur les galets. Joséphine ramassa tous les vêtements, elle les plia un à un, les mit dans un grand drap qu’elle posa en équilibre sur sa tête et elles prirent le chemin du retour.
Mais, quand Fifine arriva chez elle, ses parents l’attendaient sur le pas de la porte d’entrée.
En la voyant avec ses cheveux mouillés, ils comprirent très vite que Fifine était partie à la rivière avec Joséphine malgré leur interdiction. Son père se mit dans une telle colère qu’il prit son ceinturon pour la corriger mais sa mère arrêta net son geste et lui dit :
— Eh bien oui, Fifine nous a désobéi encore une fois, elle mérite une bonne correction mais ce n’est pas la peine de la frapper, laisse la tranquille, souhaitons plutôt que Pakok le diable vienne la prendre ce soir. Tu le sais bien, il passe partout dans les maisons pour attraper les enfants qui ne sont pas sages, peut-être que Pakok lui donnera une bonne correction et elle finira par nous écouter. Il se fait tard, nous sommes fatigués, allons plutôt nous reposer.
Sur ces propos, elle accompagna Fifine dans sa chambre en lui souhaitant de passer une bonne nuit. Fifine n’était pas vraiment tranquille en entendant tout ce qu’elle venait d’entendre. Elle se posait des questions :
— Qui est Pakok le diable ? Comment est-il ? Il doit être vraiment méchant pour que tous les enfants le craignent et que mes parents souhaitent qu’il vienne me chercher ?