Alice n’avait que six ans quand elle a accompagné pour la toute première fois sa mère à la clinique du Professeur Maurice. Dès le premier instant, elle s’est sentie attirée par la beauté et le regard vif de « 3-5-7 », un des innombrables enfants qui s’y trouvait enfermés.
Avant même de pouvoir l’approcher, sa mère, bras droit du Professeur chargée de diriger la Clinique en son absence, s’était empressée de la rappeler à l’ordre : nul n’a le droit d’entrer en contact avec ces enfants.
Malgré les apparences, « 3-5-7 » et ses congénères n’étaient pas des êtres humains mais des « ombres ». Cependant, la décision d’Alice – renforcée par le refus de sa mère de lui donner davantage d’explications – était prise : découvrir ce qu’est une « ombre » et épouser un jour « 3-5-7 ».
La guerre entre le cœur pur d’un enfant et le monde sombre des adultes était désormais déclarée.

Extraits

« Non, je ne peux pas être celui qui est devant moi ! se dit-il. Il y a quelques mois j’étais différent, j’étais plus beau ! Non ! Non … En fait, ce que je vois, ce n’est que le fruit de mon imagination. Oui, c’est ça ! Le miroir ne reflète rien d’autre que l’expression de mon esprit malade, qui s’imagine voir quelque chose qui n’existe pas. Comme c’est sinistre de se rendre compte qu’on n’existe pas et de voir en même temps son visage dans un miroir ! Oh, Seigneur ! Aide-moi à comprendre. Qui suis-je en réalité ? … Je suis celui qui n’existe pas, mais qui a néanmoins un nom. Oui, oui ! Je suis le numéro 3-5-7. C’est ça ! Je m’appelle « numéro 3-5-7 ». Mais 3-5-7 et quoi d’autre ? »

«  Bien qu’il soit presque quatre heures du matin, le commissaire prit l’adresse d’Alice et se rendit chez elle. Persuadée que sa fille avait de nouveau perdu ses clés et fâchée d’être obligée de quitter son lit en pleine nuit, les yeux à moitié ouverts, Hélène descendit pour aller ouvrir. En passant devant l’énorme horloge qui décorait le hall d’entrée et lui jetant un regard presque mécanique, elle resta clouée sur place. « Quatre heures du matin ! se dit-elle en se frottant les yeux pour s’assurer qu’elle voyait bien. Cette fois-ci, Mademoiselle, tu as dépassé les bornes et je t’assure que tu ne regagneras pas ton lit avant que nous ayons mis les choses au point une bonne fois pour toute ». Avec cette dernière pensée, elle saisit la poignée de la porte et en redressant les épaules pour avoir une allure plus imposante, ouvrit. Mais seulement pour une seconde car après avoir aperçu le visage du policier elle claqua la porte aussi vite que possible en mettant le verrou. Comprenant son geste le policier lui dit à travers la porte : « Excusez-moi de vous avoir effrayé, Madame Lemercier, je suis le commissaire Du Chevalier de la police criminelle. Je suis là au sujet de votre fille, Alice. » »