On a presque tous un homonyme, et même parfois un parfait homonyme, nom et prénom exactement identiques ! C’est amusant au début, mais ça ne l’est plus du tout lorsque votre homonyme, à votre insu, profite de cette similitude et de cette confusion pour choisir d’usurper votre identité, puis de vous voler. Il ne reste vous plus qu’à tenter de vous en sortir. Mais lequel des deux homonymes prononce la phrase du titre du roman ?
C’est un récit intrigant, dans lequel vous découvrirez les personnalités des deux homonymes, leurs constructions psychologiques, leurs épreuves de vie, et leurs différentes péripéties.

Extrait

Je pensais que voler l’identité d’un autre Luc Girard serait beaucoup plus facile. Le hasard fait parfois très bien les choses. Un jour que je me rendais à la Poste, je me mis sagement dans la file d’attente. Un jeune homme de mon âge, apparemment plutôt insignifiant, me devançait. Je n’avais aperçu son visage que de profil. Lorsque le préposé s’occupa de lui, ses questions furent nombreuses. L’employé l’aida à remplir sa demande, puis la relut à haute voix pour qu’il n’y ait pas d’erreur, que le client valide. Mais quand j’entendis distinctement le nom de Luc Girard, je sursautais ! J’avais un parfait homonyme, un autre Luc Girard, qui se tenait juste devant moi ! De mon âge, de ma taille, de la même couleur de cheveux, que je pouvais suivre et espionner, et à qui je pourrais essayer de chiper son identité !

Dès qu’il se retourna pour partir, je bredouillais au préposé que j’avais oublié un papier et que je reviendrais plus tard. Je suivis mon homonyme, mon double. C’était la première fois que je faisais une filature ! Mon cœur battait vite, il ne fallait pas que je puisse être repéré. Mon Luc Girard entra dans une épicerie. J’hésitais à le suivre à l’intérieur afin de l’observer un peu mieux, mais je renonçais pour ne pas risquer d’attirer son attention. Je faisais les cent pas sur le trottoir d’en face, tout en me demandant ce que je pourrais entreprendre dans les minutes à venir.

L’attente me parut longue, mais c’était certainement plus une impression que la réalité. Je le vis sortir avec un sac rempli modestement. Mon Luc Girard devait probablement être un célibataire ! C’était un point très positif à mes yeux de prédateur. Un homme seul est beaucoup plus vulnérable. Je n’avais pas pensé à regarder s’il portait une alliance, même si l’on sait aujourd’hui que cela n’est plus aussi significatif qu’autrefois.

Encore quelques minutes de marche et je le vis se diriger vers un grand immeuble. Je précipitais mes pas, afin de me tenir juste derrière lui. Par bonheur il n’avait pas de passe, et il composa une combinaison de cinq touches sur le digicode. Je mémorisais instinctivement l’emplacement de ses doigts sur le clavier. Hum, pas facile. Comme il avait senti ma présence, il me maintint la porte, afin que j’entre dans le hall d’entrée derrière lui. J’osais le suivre, je n’avais pas envie de m’éloigner de ma probable future proie.

Il ne s’arrêta pas devant la batterie de boîtes aux lettres, mais moi si, en fouillant ostensiblement dans mes poches, mes clefs virtuelles qui semblaient se cacher. Apercevant ma recherche, il entra rapidement dans l’ascenseur. Il ne me restait plus qu’à observer le numéro des étages sur le cadran, s’arrêtant sur le cinquième.