Ce livre est un témoignage sur l’extrême prématurité. Un mot auquel nous ne nous étions absolument pas préparés. Avoir un bébé moins lourd qu’un paquet de farine, relié de multiples fils. Vivre grâce à des machines. Ne pas savoir de quoi seront faits les jours, ni les heures à venir. C’est un récit poignant sur l’amour parental et la lutte pour la vie face à un parcours de vie aussi difficile que beau. Ce manuscrit est une source d’inspiration et de soutien pour les parents confrontés à des situations similaires ; tout en sensibilisant le grand public à la réalité de la prématurité, en partageant les défis et les victoires de mon bébé, un petit guerrier.

Extrait du livre

A un moment, elle me dit : « Attention, tendez l’oreille ! ». Tout le monde se fige et se tait, bien qu’il n’y ait déjà pas beaucoup de bruit. Je tends l’oreille. Cela me paraît long. Je n’entends rien. Dans ma tête, je commence déjà à appréhender les prochaines paroles de la gynéco. Je suis terrifiée qu’elle me dise que finalement il n’y aura jamais de bruit, que tu es décédé.
Tout à coup, alors que je ne m’y attendais plus, j’entends un très léger bruit ! Comme celui d’un petit chiot, vraiment imperceptible. Cela n’a rien à voir avec le grand cri des bébés que l’on peut entendre dans les films ou dans les émissions à la télé ! Je demande quand même si c’est bien toi que j’entends si doucement ! Elle me répond : « Oui, c’est bien lui. On va faire le tour pour vous le montrer en vitesse. Félicitation ! Il est vivant ! ». Mes larmes coulent toutes seules. Je fixe la dame qui a ce petit bout de lange blanc avec mon bébé dedans. Elle fait le tour car avec le drap je ne vois rien. J’essaie déjà de t’apercevoir ; en vain. Ses mains sont énormes par rapport à ta taille et tu es complètement enveloppé dans le lange. Elle vient se mettre à hauteur de mon visage et se baisse. Elle te tourne vers moi et me félicite. Elle te découvre un petit peu. J’aperçois ton visage. Je vois une bouille toute ronde, toute petite. Je te dis que tu es beau. Tu as un beau teint, bien rosé. Tu es très propre, et ta peau est parfaitement lisse. Tu es adorable. Elle colle ton visage au mien pour pouvoir faire un bisou ; je te le fais à travers mon masque. Plus tard, les deux infirmières qui restaient auprès de moi durant l’accouchement m’ont raconté que quand elle t’a retiré de moi, car il fallait faire très vite pour te prodiguer les premiers soins et gestes de réanimation, je t’ai dis : « Je t’aime mon bébé. Bats-toi, s’il-te-plaît ». Je me souviens qu’elles ont essuyé les larmes qui coulaient sur mon visage qui inondaient mon masque. Je me rappelle également de leurs yeux remplis d’eau à elles aussi. Ce fut un moment totalement magique. Bien évidemment c’était court car ton état de santé ne permettait pas de faire durer cet échange ; mais le temps s’est arrêté et j’ai quand même profité de cet instant que jamais je n’oublierai. Je suis tellement heureuse d’avoir entendu ton premier tout petit cri. Et d’avoir pu découvrir ton visage, et d’apercevoir, ou plutôt de deviner ton minuscule petit corps. Je ne sais pas encore combien tu mesures ni combien tu pèses, mais c’est certains que ce n’est pas du tout comme un bébé né à terme ! Tu es tellement petit ! C’est impressionnant. Nous voulions un « mini-nous », nous l’avons, pour le coup !