Je m’inspire de l’actualité. Nous sommes au 21ème siècle et pourtant des foyers belliqueux continuent à se propager sur plusieurs continents de la planète. Certains politiciens parmi les plus influents ont pour objectif d’accaparer des terres qu’ils revendiquent en arguant de faits historiques. L’équilibre de la terreur est la règle internationale par l’entremise d’armements atomiques répandus de ci de là. Il suffit d’un rien pour appuyer sur le bouton rouge.

Depuis 4,567 milliards d’année, la terre est une entité organique vivante unique dans son intégrité. Agressée elle est capable de se défendre et de détruire qui l’agresse. L’homme parmi d’autres dégâts ne se prive pas d’infliger à cette terre qui l’héberge de profondes blessures. Il la soumet à un réchauffement climatique sans que des décisions pérennes soient prises malgré les gesticulations politiques. Ne comprend-il pas qu’il risque de provoquer sa propre extinction (la sixième enregistrée sur terre) en détruisant méthodiquement son environnement ? Le thème de cette saga poétique en alexandrin met donc en relief les sujets existentiels qui intriguent l’homme depuis la nuit des temps. Exister, aimer, enfanter, travailler, combattre, rêver, croire qui sont les sujets qui lui tiennent le plus à cœur de même que son devenir dans l’éternité.

Extrait

Le temps carnivore

Imprimant à chaque pas une relative vitesse,
Le temps jette au visage sa fausse tendresse.
Car le temps est une besace de relativité
Où les lendemains se trouvent cadenassés.
C’est un piège, il est dur, mais c’est la loi honnie
Où l’homme est un amas fragmentaire d’énergie.
Elle s’applique à chacun de ses mouvements,
Il ne saurait en changer le déroulement.
Le temps agresse d’une étrange ivresse,
Le temps carnivore est une insatiable ogresse.
Le temps au teint malsain assaisonne le stress,
Il oxyde la chair et les os qu’il compresse.
Il encense des totems hargneux et inconstants
Dont les icônes se dressent partout, à chaque instant.
Sa déplorable maladresse, maîtresse du carnage,
Calcine les souhaits, …souffrance et esclavage.
Le temps presse, le temps empile les maladresses,
Le temps assèche les poitrines d’allégresse.
Le temps allié aux sons et aux couleurs,
Embelli par l’espoir, implacable maraudeur,
Lézarde insidieusement les destinées,
L’amitié, l’amour et les généreuses idées.
Le temps détruit jusqu’à l’idéale beauté.
Un jus cadavérique sourd des graisses gélifiées.
Le temps s’empresse, fier comme un cobra il se dresse,
Le temps injecte dans la peau son intime hardiesse.
L’ordinaire sur les idéaux siffle,
Le temps griffe, le temps gifle.
Consumé, empalé par les rites,
Le temps est tour à tour sable ou granit.

(…)

Pleurer des morts moins morts que nous-mêmes
Les jours de noces, d’anniversaires ou de carême…
Arrive le printemps, le renouveau léger
Puis les saisons s’enchaînent, l’automne bouscule l’été,
L’hiver vomit pluie et brouillard, neige et grêle.
Vite se saisir de la vie à pleine cervelle…
Le temps paresse, le temps transgresse,
Le temps applique sur les plaies ses fraîches compresses.