En effet, le livre en question, ce fameux et fumeux « Rock ! » est un recueil, une danse des mots, un OVNI qui percute, bouscule les codes dans un joyeux désordre, général. Sa forme moderne de mini-série saccadée permet sa prise en main immédiate et surtout par tout, n’importe quand et n’importe où. Fidèle à l’esprit en série, il en offre de fait pour tous les goûts, aussi : aventure, espionnage, crime, amour, poésie.

Tout est enlevé et interchangeable, consonant et visuel comme un film, musical et modulable à l’envi. Tout est en somme dans et dès le titre : le livre vient à vous en se mettant, ouvert et multiple, sans filet, à la portée de toutes et tous, pour un goût retrouvé de lire et de rire, de vibrer et, après tant d’épreuves, peut-être de revivre. Ce livre n’est pas seulement à vous, il est de vous, il est votre contribution incarnée et vivante, en action.

Extrait

« Alors que je me promenais tranquillement nu dans le centre-ville d’Amsterdam à la recherche de pain grillé, et cependant qu’un brasier épais et dûment déclaré auprès des autorités faisait rage à proximité (un aéronef gros-porteur venant de s’encastrer grossièrement dans une barre d’immeuble d’habitation à loyers modérés, la chose — le feu, l’incendie, les flammes dévorant les familles — était normale, et même bien le moindre) et vu qu’on me reconnaissait évidemment comme Ange (ma réputation d’Agneau ayant franchi malgré nous les frontières de la France occidentale), j’étais interpellé dans la rue par une jeune justicière masquée qui me parlait à peu près en ces termes, haletante et hébétée (on ne tombe pas sur Moi à tous les coins drus) : “Ange, Ange ! Si vous vous lancez dans le brasier, alors il s’éteindra et ce sera la fin de toute la misère du monde ! »

Je la regardais, dans les yeux. Je lui souriais, elle était ravissante — de toute évidence, l’urgence et la détresse convenaient bien à son teint. Elle me contemplait, sans sourire. Je poursuivais mon chemin de sel sans me retourner – vous savez, moi, la misère du monde… »