Il s’agit d’une chronique des années cinquante. Les femmes souffraient du Code Civil. La plupart étaient reléguées à la cuisine et aux marmots du baby-boom. Le temps est au « devoir de mémoire ». Je pense à ces mères qui ont vu leur garçon partir sans retour. Les hommes ne retiennent pas les leçons du passé. On se bat ici ou là pourquoi ? Ce livre est une page d’histoire vécue par un enfant de dix ans. Il s’adresse à ceux qui ne veulent pas que ça recommence.

Ces trois commères, toutes mères, vivent les troubles avec angoisse. Au-delà de l’événement, la vie continue avec la marmaille dont il faut s’occuper. D’autres personnages gravitent autour de ce noyau et donnent une respiration à cette histoire. Le narrateur est l’esprit du lieu où ces femmes se réunissent. Il peut s’infiltrer si bon lui semble dans les cœurs.
Étant le fil rouge du récit, il est sensible aux bouleversements sociaux, aux progrès techniques et un peu à la politique.

Enfant, j’ai vécu ces événements. J’y ai ajouté des personnages qui ont existé, mais j’ai changé leur personnalité selon ma fantaisie pour alléger le récit.

Extrait du livre :

Mes chers parents,
Tout d’abord, je vous demande pardon !
J’avais décidé d’en finir avec la vie mais je n’avais pas assez de courage pour sauter le pas.
L’occasion s’est présentée au recrutement du contingent en partance pour l’Algérie. En prenant la place d’Yves, je choisissais le risque de me faire trouer la peau tout en rendant service à mon ami. Bien sûr, j’ai pensé à mon petit garçon que vous avez recueilli et qui grandira sans moi. Je ne suis pas certain de l’aimer autant que vous : Il y a la mort de sa mère entre nous.

Au bout de quelques jours, le temps de prendre le costume et apprendre à manier les armes, nous avons pris le bateau un soir à Marseille pour traverser la Méditerranée. Pendant la nuit, l’air étouffant m’empêchait de dormir, alors je suis monté sur le pont. Le ciel était clair, des milliers d’étoiles scintillaient. Une petite brise s’est levée, j’ai aspiré très profondément, à ce moment, j’ai senti une présence. J’ai regardé autour de moi, il n’y avait personne. J’étais comme apaisé et je me suis endormi sur le plancher. J’ai fait un drôle de rêve : Je poursuivais ma femme dans un labyrinthe. Elle était si belle, si joyeuse, je voulais tant la prendre dans mes bras mais elle s’éclipsait en riant. Tout à coup, elle s’arrêta et me dit devenue sérieuse : Tu ne trouveras pas ce que tu vas chercher là-bas, je te protégerai. Ton fils est notre enfant souviens-toi… Maintenant, laisse-moi partir …et elle a disparu…

Au petit matin, un camion nous attendait pour nous conduire en petite Kabylie. En qualité de médecin, j’ai été affecté à l’infirmerie de la garnison pour les premiers soins.