J’éprouve un immense plaisir à écrire, en m’inspirant de faits divers ou de souvenirs. C’est d’ailleurs le cas pour cette histoire, que j’ai romancée en évitant de mentionner le nom du régiment des héros du récit, car, après tout, tous les appelés ont effectué leur service militaire sans grand enthousiasme.

Des milliers de morts, de nombreux blessés, des prisonniers oubliés dans les accords, qui n’ont jamais revu leurs familles… Ces destins méritent qu’on leur rende hommage à travers ces quelques lignes. J’ai choisi de raconter cette histoire avec simplicité, et même une touche d’humour, car malgré les épreuves, ces jeunes hommes avaient vingt ans, et l’humour était souvent leur seul moyen de tenir le coup.

Je suis convaincu que de nombreux lecteurs seront sensibles à ces événements, dont on parle encore trop peu.

Les malgré eux

Bousculé par les voyageurs qui se hâtent pour se rendent au travail, Gaël flâne profitant de ses derniers instants de liberté. Il prendra le train qui part dans dix minutes au quai numéro 3. Pourtant il a tout tenté pour éviter ce service militaire. Mais pas assez malin pour blouser la bureaucratie militaire habituée aux tentatives des réfractaires du service obligatoire. Les démarches de ce fils rebelle inquiétaient sa mère, si son pauvre père était encore là il lui aurait fait oublier ses idées communistes. Quelle drôle de conclusion ! Pas plus coco qu’elle, simplement pas envie de perdre son temps avec ce service militaire. Malgré les bons conseils et les combines des petits malins aucun résultat, si ce n’est son départ direction l’Algérie. D’ailleurs cette incorporation semble normale pour le citoyen respectueux de faire son devoir pour la mère patrie. Mais il a pas dit son dernier mot, ces empaffés le baiseront pas comme ça ! Il se range parmi les voyageurs qui attendent pour éviter la bousculade avec les passagers de l’omnibus qui vient d’arriver. Les derniers passagers quittent le quai et c’est déjà la cavalcade pour prendre leurs places pour un nouveau départ. Gaël entrainait dans la cohue suit le mouvement il passe trois wagons, monte dans le suivant comprenant pas cette hâte en constatant qu’il y’a de la place !
Il s’assoit. Bizarre ! À peine installé le voisin d’en face au style marlou s’intéresse à lui.