Dans un petit village où tout le monde se connaît, une personne est un peu en retrait et n’étale pas sa vie privée, ce qui peut paraître un comportement étrange pour certains. Alors une rumeur est lancée, totalement au hasard, et continue de grandir. Cette petite histoire raconte avec humour, comment des petits commérages, des petits cancans, peuvent impacter la vie d’une personne à son insu.

Extrait

— Ne trouvez-vous pas que ce monsieur a toujours été étrange, éloigné de nous tous ? demanda-t-elle par la suite.
— Il est vrai qu’il n’a jamais beaucoup socialisé et n’a non plus jamais participé aux activités de notre village.
— Vous avez tout à fait raison. Soit ce monsieur n’apprécie guère notre compagnie, soit il cache quelque chose.
— Que pourrait-il donc nous cacher pour rester ainsi en retrait et nous éviter ?
Toutes deux se mirent à lancer des hypothèses quant à l’éloignement de ce monsieur de la vie du village. Il devait sûrement avoir quelque chose d’important à cacher, selon elles, s’il était ainsi isolé ; quelque chose que ses concitoyens ne devaient pas découvrir. Il ne conversait pas beaucoup avec les commerçants et paraissait souvent pressé de partir quand on le questionnait sur sa vie personnelle. L’idée qui vint tout à coup à l’esprit de Madame la quincaillière fut tout aussi insensée que farfelue pour ceux qui connaissaient
Monsieur Blanc.
— Croyez-vous qu’il se drogue ? lança-t-elle de but en blanc.
Madame la coiffeuse lâcha tout à coup les cheveux de sa cliente la fixant droit dans le miroir.
— Mon Dieu ! Et si vous aviez raison ? J’ai eu moi-même quelques doutes lorsque je l’ai vu un matin alors qu’il dissimulait ses yeux derrière des lunettes noires. J’ai tout de suite compris qu’il gardait pour lui quelque chose que nous ne devons pas savoir. Pourquoi porter des lunettes noires si tôt le matin ? Vous auriez vu ses yeux, vous n’auriez plus de doute.
— Vous les avez vus ? Avait-il les yeux rouges ?
— Non, il s’est bien gardé d’enlever ses lunettes en me saluant, mais je ne suis pas dupe.