Texte inédit de Audrey Lutz – AUJOURD’HUI JE MARCHE
Retrouvez en exclusivité un texte inédit de Audrey Lutz auteure de Régénération, résilience & réalisation.
Bonne lecture !
AUJOURD’HUI JE MARCHE
Prouesse des temps modernes : vivre au présent dans l’agitation du monde. Qui court, court, court à sa perte. Où est le bouton ‘Pause’, je vous le demande ? Courir pour maigrir. Courir pour gagner de l’argent. Courir pour un cercueil forgé d’or. Courir, courir, courir.
Voilà comment je me suis retrouvée sur un podium, comment je suis entrée en équipe de France il y a fort longtemps.
Un rêve qui n’était pas le mien, et en dehors de l’excitation passagère, qui ne m’a apporté aucune satisfaction profonde.
Ce n’était pas mon rêve. Mais dans un rêve où tout le monde courait, je courais aussi.
La grâce m’a sauvé. Il m’a fallu mourir pour renaître. Il a fallu que je cours à ma perte pour laisser derrière moi mon ancien moi.
Aujourd’hui je marche.
Plus de médailles, plus de faux semblants. Juste la joie d’Être, profonde et inaltérable.
Le Silence. La lenteur de mes pas. Les paysages que j’ai le temps de contempler. Les oiseaux que j’entends chanter comme lorsque j’étais Nouveau-Née.
Bien avant de marcher, bien avant de courir. Tout est déjà là, mais durant des années je ne le voyais pas.
Alors je courais inlassablement après le bonheur. Mais il a toujours été plus rapide que moi, me laissant haletante. (Rires.)
Courir, courir, courir…mais que c’était fatiguant. C’était tellement la norme dans mon univers, qu’il aurait fallu être fou pour s’arrêter.
Et pourtant, la Vie me l’a imposé, et je suis devenue folle aux yeux des coureurs. Folle de ne pas avoir envie de recourir.
À quoi bon ? J’avais déjà commis l’erreur toute petite. C’est pourquoi cette fois j’ai fait le choix de m’arrêter, au stade de la marche et de la glisse. Et quel délice !
Nous voulons des abdominaux ? Respirons correctement. Nous voulons perdre du poids ? Mangeons correctement, et libérons notre émotionnel en dansant, en chantant, en écrivant, peu importe.
Ralentissons. Notre monde court à sa perte.
Observons la nature. La course n’est là que pour manger, pour fuir ou pour jouer. Le Silence est partout. L’harmonie est dans le calme d’un vieux chêne qui grince, de quelques bruits de singes.
La plus grande solution est le retour à Soi.
Et pour cela il faut cesser d’être en exil, cesser de courir après des mirages.
L’illusion ne nous donnera jamais entière satisfaction. Seules nos retrouvailles intérieures nous permettront cela.
Arrêtons-nous. Rentrons à la maison. Déposons-nous.
Après quoi courons-nous ? Que cherchons-nous à fuir ?
Nous-même ?
Alors ce n’est qu’en nous rencontrant véritablement que nous trouverons la paix. Non une paix illusoire, mais bien une paix réelle ici et maintenant.
Ce bref instant où toute la Vie se passe. Nous sommes la paix de toute éternité. Alors prenons le temps de déguster l’instant…
… et marchons.