Texte inédit de Didier Veller auteur de Du blanc au noir

Introduction
Attention, vous vous préparez à lire un feuilleton pas comme les autres, puisqu’il retrace l’historique de la conception d’un Objet Vidéo-Diffusé et Identifié Breton conçu, sur la base de mon expérience malienne (relatée dans « mes chroniques maliennes » et « Du blanc au noir ») et des immenses espoirs que sa naissance a fait naître chez les abandonnés de la lecture et de l’écriture, qui sont nombreux tout autour de la planète. A l’origine, le long monologue que vous avez sous les yeux répond à un défi que m’avait lancé mon éditeur ; il s’agissait, sur la base de ma page d’auteur sur Facebook de publier, une fois ou deux par semaine comme les séries que vous trouverez en dernière page de votre quotidien, , des contenus gratuits sous la forme de petits textes de 5 à 10 lignes maximum, destinés à décrire le contexte de la création de mes livres, permettant ainsi aux “amis” d’apprendre à me connaître, ainsi que mon style.
Ce petit recueil est né sous ma plume afin de présenter l’histoire banale de la conception de mon premier livre, lié au Mali, qui raconte les aventures d’un toubab, versé dans les troupes d’élite de l’Ambassade de France au Mali ; je m’échappais (trop?) souvent de mon bureau, parce que je me doutais bien que si je ne sortais pas de cet abri douillet, je risquais de succomber à la tentation de bailler aux corneilles ; mon seul dérivatif à cet abandon étant de consacrer mon temps à générer des notes sur la situation économique du Mali; quelle que soit l’option choisie, je prenais le risque de ne jamais accéder à la réalité du quotidien des habitants de ce pays.
L’argumentaire du second ouvrage est entrée en gestation, à partir de mon séjour de sept ans au Mali dans la peau d’un quidam, chargé d’y diffuser la bonne parole d’une gamme de tutoriels, destinés à l’origine à des bricoleurs en herbe qui n’avaient bien souvent pas dépassé les frontières de l’hexagone, mais trouvaient tellement “design” de fabriquer une table basse à partir de palettes de récupération; soit un objectif très éloigné des préoccupations d’un malien moyen.
Autant le contenu du second volet de mes aventures maliennes pouvait paraître éloigné des attentes souvent très éloignées des cercles du pouvoir, autant la méthode de transmission d’images à nature éducative ou susceptible d’évoluer en schéma de formation, pouvait correspondre aux contraintes d’un utilisateur lambda, dans un pays où plus de la moitié des jeunes âgés de 15 à 24 ans n’ont jamais eu l’opportunité d’apprendre à lire. Si tout se passe bien, la famille des vidéos devrait considérablement s’agrandir, mais il faudra lui en laisser le temps, en termes de couverture du sujet.
Au bout du compte, entre 300 et 500 000 jeunes maliens arrivent chaque année sur le marché du travail sans formation professionnelle. Dans le meilleur des cas, ils deviendront vendeurs de rue; quant au pire, tout est possible. Toute aide publique au développement devrait donc se consacrer massivement au financement de la formation professionnelle, non pas en acceptant qu’un quelconque bailleur de fonds finance la construction de centres de formation, qui resteront au mieux sous-utilisés pour des raisons de sécurité, et ne formeront de toute façon jamais plus de quelques dizaines de candidats par an, là où il en faudrait au moins cinq cents fois plus.
En outre, un jeune étudiant intégrant une université africaine (ces établissements que le président du patronat malien surnomme “les usines à chômeurs”) n’aura pas beaucoup plus de chances d’éviter le chômage que celui qui n’a pas suivi des études supérieures. Combien de générations ont été sacrifiées par manque de formation-métier ?
Journal de naissance
Premier épisode
“Du blanc au noir” est paru depuis quelques semaines ; en dehors de son contenu, ce livre présente une particularité car il renvoie à « mes chroniques maliennes », comme un frère jumeau dans un miroir. Après avoir passé un total de douze ans au Mali, d’abord comme chef du service économique de l’Ambassade de France (de 2003 à 2008), puis comme directeur Afrique de l’Ouest d’une ONG française (de 2015 à 2022), j’ai écrit ces deux ouvrages, afin de dresser un tour d’horizon (que j’espère objectif) de ce pays sahélien, qui fut un temps présenté tout à la fois comme un indéfectible ami de la France et des bailleurs de fonds, de même qu’une vitrine de la démocratie en Afrique. Quelques mois après la parution en décembre 2023, j’ai, devant la multiplication d’informations anxiogènes en provenance du Mali, décidé de donner la parole à une famille malienne, afin que ses membres puissent s’exprimer librement sur tous les sujets qui les intéressent.
Journal de naissance
Deuxième épisode
J’ai quitté Bamako en juin 2022, après avoir tenté de promouvoir au Mali pendant sept ans un projet de formation-métiers par la vidéo, spécialement, destiné aux illettrés et analphabètes, et adapté à leur profil particulier. Cette méthode permet, en effet, d’ouvrir l’apprentissage des gestes qui constituent le cœur des métiers manuels, à ceux qui ne maîtrisent pas la lecture et l’écriture. Partant de là, il semble que ce schéma de formation devrait, dans un pays pauvre où entre 300 et 500 000 jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail avec une formation au mieux squelettique comme c’est le cas du Mali, devenir d’urgence une grande cause nationale. Pendant toute la durée de ce second séjour, j’ai donc prêché en ce sens auprès des ONG concernées, de chefs d’entreprise français et maliens et de fonctionnaires ; tous m’ont écouté poliment et m’ont dit que je les avais convaincus, mais aucun n’a eu l’audace de sauter le pas.
Journal de naissance
Troisième épisode
Reproduisant un schéma inadapté, la plupart des pays africains se sont notamment dotés de facultés de sciences humaines débouchant directement sur le chômage, en raison d’une offre disproportionnée, par rapport aux besoins. Le Mali s’est ainsi conformé à un schéma adopté en Afrique par des pays qui, étant moins pauvres et mieux structurés économiquement, parviennent tant bien que mal à assurer des débouchés à ces étudiants. Si les interlocuteurs concernés se laissent convaincre, la vidéo pourrait donc devenir l’arme de formation massive, dont de nombreux pays pauvres ont besoin, pour répondre à la frustration de ces chômeurs. Toute l’information nécessaire à ce sujet transiterait du formateur franco-malien à ses compatriotes par les réseaux sociaux ou le bouche à oreille. Plutôt que d’émigrer pour apprendre un métier sur le tas, il existe des moyens économiques et sans risque ni exil pour acquérir une formation, susceptible de déboucher sur un métier à exercer.
Journal de naissance
Quatrième épisode
Je vous ai déjà décrit le premier axe de mon projet ; il me reste à vous présenter le second. Il faut d’abord savoir que le Mali est, autant que la France, un grand pays agricole, mais confronté à des contraintes différentes, notamment en termes de ressources en eau et de température. Avant de quitter leur pays, de nombreux jeunes maliens ont intégré les bases des méthodes de culture des céréales sèches, pratique indispensable dans un pays du Sahel, en raison du dérèglement climatique, ils pourraient contribuer à l’adaptation des méthodes culturales en France, en transmettant (aussi sous forme de vidéos) ces méthodes (notamment en matière de céréales sèches) auprès d’agriculteurs hexagonaux intéressés à les mettre en œuvre; l’utilisation du sorgho se répand en France, mais reste très inférieure à celle du maïs, fortement consommateur en eau; cette vidéo pourrait également être l’occasion de montrer que, selon des chercheurs nigériens, le mil (présenté comme une plante à double fin (grain et fourrage) serait encore plus rentable que le sorgho.
Journal de naissance
Cinquième épisode
Quand on écrit, c’est souvent pour se faire plaisir, mais écrire ne suffit pas, car il faut laisser les idées s’affranchir, pour éviter qu’elles ne deviennent tristement lettre morte, enfermées entre deux pages ; et cette émancipation suppose de passer à l’oral, en rencontrant ses lecteurs. Avec l’état des lieux des relations franco-maliennes, dressé par un toubab puis en cédant la parole à une famille malienne, j’ai confié à ces deux livres une haute mission, celle de rouvrir le dialogue entre le blanc et le noir ; et s’il s’agit d’un acte manqué, j’en revendique à posteriori la paternité. Vu que les deux gouvernements se font la gueule, c’est à nous citoyens de bonne volonté qu’il revient de reprendre la main, puisque le rapprochement des points de vue ainsi exprimés montre aux humains que l’échange reste possible. Cette noble idée doit triompher des maladresses, pour empêcher qu’une longue fréquentation (en général, teintée d’amitié sincère) ne se transforme en une bouderie qui s’éternise.
Journal de naissance
Sixième épisode
Porté par des vents favorables, j’ai commencé à rêver, et pour mieux profiter de mes hallucinations et de mon délire, je me suis mis à la cape juste avant d’atteindre mon cap de Bonne-Espérance avec une folle avance sur les autres, mais je savoure ce moment où la victoire se profilera déjà; sur cette route avec mon équipe panachée de blanc et de noir, je suis sur mon terrain ; par faveur spéciale, j’ai pu partir avant les autres skippers; je connais si bien le parcours que j’y vais les yeux fermés, . Pour donner du piment à l’épreuve, j’ai décidé de renommer « Intégration et Solidarité », car je voudrais m’assurer que les belles idées n’empêcheront pas ce projet de naviguer au-delà des mers ; je sens que ça va plaire à mon équipe; pour le préserver des agressions extérieures, je l’ai soigneusement rangé dans un lieu tenu secret et connu de moi seul. Lorsque je le déciderai, je ferai découvrir son emplacement au monde entier, mais je garderai pour moi seul les clés du paradis, afin de pouvoir contrôler les entrées, car seuls ceux que j’en jugerai dignes, en fonction de mes propres critères, seront autorisés à y accéder.
Journal de naissance
Septième épisode
Je viens d’entrer dans une phase un peu stressante; j’ai trouvé enfin mes acteurs et j’ai déjà validé que l’un d’eux se chargera d’écrire le script de la vidéo, après vingt-quatre heures d’incertitude. Je croyais avoir aussi trouvé mon équipe de tournage, grâce à l’un de mes réseaux, sauf qu’ils se trouvaient à l’autre bout de la Bretagne, par rapport au lieu de tournage. A moi de me débrouiller pour trouver quelqu’un qui, tout en étant proche d’ici, soit capable de tourner cette séquence. Grâce à mes différents réseaux, j’ai plusieurs plans B qui se présentent à moi en espérant que j’en aurais au moins un qui fonctionnera. Contrairement à mes habitudes, j’ai exceptionnellement décidé de frapper à plusieurs portes à la fois, car l’accueil unanimement favorable réservé à mon projet par ceux qui en ont déjà pris connaissance me remplit d’assurance, et aussi parce que le temps presse.
Journal de naissance
Huitième épisode
La journée du 19/10 sera à marquer d’une pierre blanche, car j’ai reçu le matin la visite d’un ex-secrétaire chargé de l’Intégration (inattendue, même si elle était souhaitée) qui, par les fonctions qu’il a exercées et son origine africaine, s’intéresse à mes livres. Notre dialogue s’est avéré très riche et dense, tant nous avons plein d’idées en commun ; finalement, l’humanisme dépasse la couleur de la peau de celui qui s’en fait le héraut. Il y a là de quoi développer ensemble des actions utiles. Et pour l’après-midi, rencontre au collège avec la documentaliste, qui ouvre la porte à un éventuel interview autour de mes livres. Cette fois, ayant besoin de contacts de proximité, je me suis tourné vers mon réseau carantécois, qui complète idéalement l’action des autres, le régional et le national ; quant à l’international, je l’actionnerai plus tard. Un projet solidaire implique, par nature, de travailler en équipe. Je ne sais pas si mon projet verra le jour, mais je constate que l’équipage aura bien fonctionné, grâce à la contribution de tous.
Journal de naissance
Neuvième épisode
L’expérience en cours me donne enfin l’opportunité de tester ma nouvelle stratégie selon les règles que je me suis imposées: entretenir mes réseaux, saisir les opportunités, ainsi qu’apprendre la lenteur. Et j’ai déjà en tête le déroulé de l’étape finale, qui devrait déboucher sur la communication promotionnelle de mes deux livres, mais il faudra se battre jusqu’au bout. Mon réseau carantécois, c’est évidemment celui que j’actionne le plus facilement, puisque je l’ai sous la main; en outre, il se décline autour de plusieurs niveaux tels que les institutions communales (mairie bien sur mais aussi office du tourisme, médiathèque, collège et cinéma), et les spectacles culturels, pour s’ouvrir au monde et aux autres. D’où l’avantage de vivre dans une ville de 3 000 habitants, où l’échange s’établit vite, si on a quelque chose à dire.
Journal de naissance
Dixième épisode
Même si les choses avancent lentement, elles avancent et n’ont encore jamais reculé ; c’est heureux, mais le rythme de progression me comble d’insatisfaction, car j’ai retrouvé la vie hexagonale depuis plus de deux ans, où la réalisation de mes projets n’est guère plus rapide que dans ce pays au territoire en forme d’ailes de papillon, au cœur du Sahel ; en tout cas, après avoir lassé ses amis, il ne papillonne plus beaucoup, ou alors surtout du côté de l’Oural et de la Volga, dont le climat me paraît peu favorable aux lépidoptères, surtout ceux habitués à fréquenter les régions chaudes. La frustration que je ressens tient notamment au fait que je suis convaincu que mon projet tient la route, que tous ceux qui en ont pris connaissance pensent comme moi, et que sa réalisation se fera pour un montant sans commune mesure avec ceux qu’atteignent en général les projets de développement, ce qui se traduit par un niveau de risque en rapport, mais je tais la quantité faramineuse d’énergie cérébrale, que j’aurai dépensé pour monter cette petite affaire.
Journal de naissance
Onzième épisode
A ce jour, cela fait deux mois que je vous raconte ma vie, non celle de mon livre, mais c’est pareil ; à force de côtoyer la page blanche, elle est devenue mon amie, ma confidente, mon inséparable, et elle me colle à la peau ; ça fait bien longtemps que sa blancheur cadavérique ne m’impressionne plus. Je la rencontre donc tous les jours, car notre vie commune répond à des rites, bien précis. Je l’ai installée sur mon bureau, à côté de ma chambre, où je sais que je pourrai la rencontrer, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, y compris en cas d’insomnie ; alors, je passe la voir chaque soir avant d’aller me coucher, et je ne manque pas de lui confier quelques idées ; sachant qu’elle m’attend, je m’empresse d’aller la retrouver dès le lendemain matin, afin de lui présenter ma moisson nocturne. Ensuite, je me rends au chevet de mon ordinateur, pour transmettre à ma feuille électronique le contenu de sa sœur en papier ; et, le soir même le cycle recommence.
Journal de naissance
Douzième épisode
Aujourd’hui, parlons de mes défis, puisque je vous en ai dressé le catalogue ; le premier, et non le moindre, c’est mon livre « du blanc au noir », ou comment faire pour changer de couleur de peau ; plutôt transgressif comme sujet, surtout par les temps qui courent. Même s’il s’agit d’un thème à part, et d’un abord potentiellement délicat, cette approche s’est imposée directement à la fin de mon premier séjour au Mali, et les thèmes à évoquer se sont présentés sous ma plume en une quinzaine d’années. Je n’ai pas hésité à entrer dans les idées d’un malien, sachant qu’aucun d’eux ne se prend au sérieux et qu’ils sont tous doués d’un puissant sens de l’humour ; à partir de là, on peut s’entendre et parvenir à échanger ; je me suis d’ailleurs rendu compte, que les plus intéressés par ce livre étaient les maliens de France, bien qu’ils ne me connaissent pas, alors que la plupart des français du Mali n’y ont pas jeté un regard, bien que beaucoup d’entre eux me connaissent au moins de nom.
Journal de naissance
Treizième épisode
Mon deuxième défi, concerne mon quatrième livre, l’avant-dernier en ordre de parution, dont j’ai exigé la réédition ; c’était une exigence, pas un caprice, car son bilan promotionnel couvrait trois pages de non-réponses, engagements non respectés et autres imprécisions. Vu que tout échange a disparu des radars, cette réédition doit permettre de changer d’acteurs, et d’ouvrir enfin la voie à un vrai dialogue en forme de miroir entre le blanc (interprété par « mes chroniques maliennes ») et le noir (pris en charge par «du blanc au noir »). Les lecteurs (y compris africains) confirment que les opinions défendues par le second ont l’authenticité du vécu et de l’observation, bien qu’écrits par un toubab. Puisque la France est rejetée pour ses méthodes, puisque les gouvernements s’ignorent, l’homme de la rue doit prendre la parole, pour affirmer que le développement de l’Afrique ne peut pas être placé sous tutelle. La discussion est lancée, faisons-la vivre.
Journal de naissance
Quatorzième épisode
J’avais en tête, depuis presque dix ans, ce second projet de livre de l’année. Après une dédicace, le libraire m’a confié : « il n’y a pas de livre sur l’histoire de Carantec ; à vous d’en écrire un ». Pourquoi pas, l’idée est à retenir, mais il faut cerner le sujet, parce qu’en réalité l’histoire de ce joyau de la baie de Morlaix a déjà fait l’objet des travaux de plusieurs auteurs, et que je me voyais mal balayer toute l’histoire de Carantec (depuis la préhistoire). J’ai décidé de me limiter au vingtième siècle, qui a vu Carantec se transformer de petit port de pèche en station balnéaire familiale, réunissant sur les mêmes plages et auprès des mêmes commerces une clientèle aussi cosmopolite que populaire et habituée des camping, ou bourgeoise voire aristocratique et résident en villas. Il ne restait plus qu’à obtenir les soutiens de Carantec-Culture et de la municipalité, ce qui fut vite fait, et la réunion de lancement eut lieu le 28 mars dernier, en présence d’une cinquantaine de personnes.
Journal de naissance
Quinzième épisode
Ce nouveau projet de livre s’inscrivait dans un contexte particulier. En effet, je ne m’étais alors réinstallé à Carantec, que depuis un an et demi, et on m’a vite fait comprendre qu’une pièce ajoutée était mal placée pour se lancer dans une mission aussi délicate, alors que je croyais faire œuvre utile, en mettant mon expérience d’auteur à la disposition de la collectivité. Il est vrai que je suis resté pendant 34 ans un carantécois de l’extérieur, c’est-à-dire qu’au cours de certaines années, je n’ai passé qu’un mois par an à Carantec ; c’est vrai qu’une telle intermittence ne permettait pas de se lancer dans un tel projet, mais aujourd’hui tout a changé et je suis convaincu que l’altérité de mon regard peut apporter un recul utile à cette Histoire. Finalement, personne n’a osé à ce jour ni contester l’intérêt de cette entreprise ni se proposer pour la mener à bien, et tous les carantécois que je rencontre au hasard de mes sorties, sont impatients que cet ouvrage sorte des presses.
Journal de naissance
Seizième épisode
Je prépare depuis deux ans un projet solidaire, à destination de la jeunesse franco-malienne. J’ai même construit en 2021 sur cet argument une partie de ma campagne pour l’élection des conseillers des français du Mali. Les dirigeants, qui se sont succédé en France depuis les indépendances, ayant globalement échoué à mettre en œuvre un schéma de relations exempt de toute tentative réciproque d’influence ou de privilèges, il m’est apparu préférable que les deux sociétés civiles prenne le contrôle d’une nouvelle démarche. Les relations bilatérales sont arrivées à un tel point de délabrement qu’il appartient à chacune des sociétés civiles de reprendre la main, afin de faire baisser la pression en abordant des sujets consensuels, dans l’espoir d’oublier, au moins momentanément, ceux qui fâchent.
Si ce projet voit le jour, il sera toujours temps de le présenter aux Autorités régionales, et plus si affinités, mais il aura subi le baptême du feu, sans le moindre imprimatur gouvernemental, qu’il soit français ou africain. Ayant eu l’occasion de constater le désarroi des associations françaises intervenant au Mali (dont tous les projets sont bloqués), j’ai décidé de proposer une formule de substitution, à un système incapable de se régénérer, parce qu’il est à bout de souffle.
Journal de naissance
Dix-septième épisode
Ce projet de formation professionnelle s’articule autour du savoir-faire de ressortissants maliens vivant en France et travaillant dans un métier en tension, avec lesquels il s’agit d’établir un partenariat de solidarité ; en présence de la caméra-vidéo, ils joueraient (selon leur niveau de qualification professionnelle) le rôle de formateur ou d’apprenant, pour montrer visuellement les principaux gestes de tel ou tel métier et s’exprimeraient en bambara, ou dans la langue qu’ils jugeraient préférable. Il vaut mieux viser un secteur à définir entre le BTP, le second-œuvre et la transformation alimentaire, qui sont les plus porteurs au Mali), puis de diffuser largement sur les réseaux sociaux, la vidéo ainsi créée; au-delà de cette diffusion, les « acteurs » maliens assureraient, lors de leurs conversations téléphoniques avec famille et amis restés au pays, la promotion de cette vidéo. On pourrait ainsi réaliser en grandeur nature, un test de cette démarche qui, si elle suscite l’intérêt de la société civile au Mali, pourrait être multipliée à l’infini.
Journal de naissance
Dix-huitième épisode
Ce projet solidaire ne nécessiterait ni transfert d’argent entre les deux pays, ni intervention gouvernementale malienne ou française. On valoriserait la solidarité des migrants maliens vis-à-vis de la France, des français, et de leurs compatriotes, en accélérant l’intégration de tous, en démontrant aux Autorités françaises l’opportunité de laisser vivre en paix les maliens honnêtes et travailleurs, qui savent se montrer aussi intégrés que solidaires, en redonnant l’espoir à la population malienne. Ce projet peut aussi réconcilier les français, sur un sujet qui fait débat ; pour ceux qui sont hostiles à l’immigration, cette initiative dissuaderait les migrants de quitter leur pays, en leur facilitant l’accès aux bases d’une formation-métier et pour ceux qui sont favorables à l’ouverture, elle favoriserait l’intégration. Même si on ne peut pas tout enseigner par l’image, on peut au moins mettre sur les rails ceux qui ont envie d’apprendre.
Journal de naissance
Dix-neuvième épisode
Je cherche un vidéaste bénévole, depuis deux mois et demi ; plusieurs personnes, approchées via les réseaux sociaux, ont montré de l’intérêt et nous avons failli toper. Mais, peut-être que le projet fait peur; d’ailleurs, je sais que s’il va au bout de lui-même, l’ampleur qu’il prendra sera telle qu’il deviendra trop grand pour moi. L’immigration clandestine est un fléau de taille mondiale, aussi bien pour les pays de départ en raison des drames dont elle est la cause, que pour les pays d’arrivée par les perturbations qu’elle y provoque; pays pauvre ou pays riche, très rares sont ceux qui ne sont pas touchés. Cette situation, qui perdure depuis des lustres, ne se réglera pas du jour au lendemain, mais la formation solidaire à distance entre compatriotes peut apporter un début de solution, pour autant qu’aucun des acteurs concernés ne décide d’entraver son fonctionnement. Heureusement, ce sont les migrants eux-mêmes et les structures d’encadrement de chaque diaspora qui auront la main.
Journal de naissance
Vingtième épisode
En début de semaine, j’ai franchi une étape importante, s’agissant de ma première action personnelle de communication autour de mes deux livres, de mon projet de formation solidaire à distance entre les migrants et leurs compatriotes et de mon projet d’Histoires de Carantec. En effet, les membres du club radio créé au sein du collège de la commune m’ont longuement interviewé. Je suis très satisfait du travail qu’ils ont réalisé; cette première étape de ma communication s’étant déroulée sans stress et sans enjeu, elle va me servir de camp de base, avant de gravir des marches plus hautes, donc moins accessibles; si jamais je me perds dans un quelconque labyrinthe institutionnel, il sera toujours temps de retrouver un terrain moins mouvant. Pour l’instant, je crois que je suis sur la bonne voie, mais je veux prendre mon temps, afin de maîtriser mon discours lors des nombreux échanges que j’aurai à gérer quant à ces trois sujets; le seul moyen d’éviter de péter un plomb, c’est d’avancer doucement.
Journal de naissance
vingt-et-unième épisode
Aujourd’hui, le projet est sur le point de voir le jour ; je me prépare donc à tenir l’une de mes promesses de campagne, alors que j’ai été battu en 2021, lors de la dernière élection des conseillers des français du Mali, et que j’ai quitté le Mali en 2023. Je ne connais pas toute l’histoire des campagnes électorales, mais j’imagine qu’il n’existe pas beaucoup de candidats battus, qui ont tenu au moins une de leurs promesses. Ce que je savoure comme un fin gourmet, c’est que mes ex-adversaires auront à gérer la mise en œuvre de cette promesse. Quand les projets se bousculent, la communication devient essentielle. Donc, je suis très content de cet interview réalisée avec des enfants, parce que cette première étape de ma communication, sans stress et sans enjeu, va me servir de camp de base, avant de gravir des marches plus hautes, donc moins accessibles; si jamais je me perds dans un quelconque labyrinthe institutionnel, il sera toujours temps de retrouver un terrain moins mouvant. Pour l’instant, je crois que je suis sur la bonne voie.
Journal de naissance
vingt-deuxième épisode
Suite au resserrement de la politique migratoire, le front de l’immigration semble actuellement plutôt calme, peut-être parce que les entrées irrégulières dans l’Union européenne ont chuté de 38% l’an dernier, ce qui les conduit à atteindre leur point le plus bas depuis trois ans ; mais chacun sait qu’une étincelle relancerait le débat sur un sujet où l’équilibre est fragile, notamment parce qu’il s’agit, pour certains de nos compatriotes, et de nombreux européens, d’un problème politiquement porteur, dont ils ont intérêt à préserver la puissance de clivage, en lançant par exemple un nouveau projet de loi sur l’immigration. Le renforcement du contrôle de l’immigration clandestine serait d’autant mieux accepté, si on l’assortissait d’une démarche généralisée de formation-métiers à des candidats potentiels par leurs compatriotes ; on pourrait parvenir à une stabilité durable, appréciable par l’ensemble des parties prenantes en raison de l’équilibre des mesures prises.
Journal de naissance
vingt-troisième épisode
A l’heure où le nombre d’entrées irrégulières en Europe a fortement chuté, l’objectif de certains agitateurs n’est pas de retrouver une stabilité propre à calmer les esprits, car les eaux calmes n’ont jamais constitué un contexte favorable à l’éradication d’un quelconque envahisseur, mais de surfer sur une vague mondiale qui, partie du golfe du Mexique, serait prête à nous engloutir ; et pourtant, nous ne comptons pas le cow-boy, parmi nos amis. Mais son action, par son outrance et le moment choisi pour la mener, rend service à notre ministre. En un mot, “réglons” le problème de l’immigration, puisque nous ne savons pas résoudre les autres, mais dormez sur vos deux oreilles, braves gens, car nous n’enverrons pas l’armée. Nous allons montrer nos muscles, à la française, c’est-à-dire au moyen d’une nouvelle réglementation plus discrète (mais garantie aussi inefficace) que cette énième loi qui, pour être autant crainte que désirée, ne pouvait que rallumer la polémique.;
Journal de naissance
Vingt-quatrième épisode
Janvier se termine comme une charnière, entre le piétinement des semaines précédentes et quelques nécessaires ajustements personnels en décembre, avec l’avancée que me laissent espérer aujourd’hui le renfort de soutiens à mon projet solidaire obtenu il y a quelques jours, l’identification de deux nouvelles pistes de vidéaste potentiel, l’inscription à mon premier salon du livre, et enfin l’écoute de mon interview mise en ligne, qui sont les nouvelles du jour ; une progression que j’espère bien concrétiser dès le début février. Si je jette un coup d’œil dans le rétroviseur, force est de constater que j’ai parcouru un long chemin depuis le 30 juin 2022, date de mon retour en métropole, alors qu’aucun de ces projets qui m’animent aujourd’hui, n’était sur le point d’aboutir, même dans mes rêves. J’espère que février me permettra, certainement pas de conclure parce qu’il faudra laisser à la communication le temps de faire son œuvre en plusieurs mois, mais au moins de ne plus stagner.
Journal de naissance
Vingt-cinquième épisode
Sera-t-il un jour nécessaire d’inscrire un nouveau métier sur la liste de ceux qui sont en tension ? Pour l’instant, cette liste des professions, que les français ne veulent plus exercer, touchait plutôt la production industrielle ou l’aide à la personne; la nouveauté de 2025, c’est que certains domaines, liés à l’art de vivre à la française (dont nous sommes fiers à juste titre), commencent à être contaminés; le fait qu’un secteur directement lié à la consommation des ménages soit touché devrait nous convaincre qu’une urgence pourrait être de nature à primer toutes les autres, par rapport à l’utilisation des fonds de l’Aide Publique au Développement. En démontrant sur vidéo les principaux gestes de leur métier, ceux qui occupent en France les postes de travail, dont plus personne ne veut, peuvent nous aider à convaincre leurs compatriotes qui n’ont pas encore sauté le pas, à bénéficier de cet embryon de formation pour tenter une expérience professionnelle sans quitter leur pays.
Journal de naissance
Vingt-huitième épisode
Cela fait quatre mois que je cherche un vidéaste bénévole, pour réaliser une vidéo de formation professionnelle; j’ai cru naïvement que les acteurs de l’économie sociale et solidaire auraient une position favorable à l’égard de ce projet ; j’ai donc, dans un premier temps, été accueilli avec enthousiasme par chacun de ceux que j’ai interrogés, soit plusieurs dizaines de personnes; j’avais même commencé à discuter avec certains des modalités pratiques du projet, puis les uns et les autres se sont réfugiés dans le silence, ou m’ont déclaré qu’ils ne connaissaient personne qui soit doué d’un tel savoir-faire. Une grande ONG m’a même répondu que son objectif était de faire « reculer les préjugés », alors que « tout en ayant sans doute le souhait commun d’une meilleure entente et d’un partage équilibré entre personnes d’horizons et de cultures différents, l’objet de ma démarche est tout autre » ; De quoi? Je m’interroge sur ce que l’interlocuteur concerné sait de ma démarche, pour porter un jugement aussi péremptoire.
Journal de naissance
Vingt-neuvième épisode
J’ai enfin compris que je m’attaquais à un puissant tabou social, selon lequel on ne touche pas à l’aide publique au développement, la seule politique publique qui prétende être en mesure d’aider les pays pauvres. Sauf que cette aide démontre, chaque année depuis soixante cinq ans, son incapacité à faire sortir de la misère les sociétés des pays en développement, handicap majeur que d’ailleurs personne ne songe à contester. Mais le blanc se sent coupable d’avoir pillé les richesses du sous-sol du sud, et surexploité les ressources humaines du continent. Ce sentiment faisant aujourd’hui consensus, quelques individus soucieux d’œcuménisme ont inventé l’APD, pour permettre au coupable d’expier son crime, système très efficace dans son inefficacité car, par nature, ce puits sans fond ne détermine aucune limite de temps à cette punition, mais garantit que les sommes versées seront comptabilisées “ad vitam aeternam” au poste “fuites diverses”. Comme la relation nord-sud, largement construite sur ce schéma, fonctionne ainsi, pourquoi en changer?
Journal de naissance
Trentième épisode
Irais-je jusqu’à considérer que l’échec de l’APD (qui est assez rarement pointé du doigt), pour évident qu’il soit, rend service à ceux qui considèrent que les circonstances de notre pillage et les violences perpétrées durant la colonisation justifient que les pays occidentaux fassent l’objet d’une condamnation à vie ; même les condamnés ne se plaignent pas de subir une sanction aussi lourde ; les raisons sont vraisemblablement multiples mais il semble que les pays du nord apprécient que les pays du sud soient ainsi placés en situation de dépendance (technique et commerciale) ? Il est, en tout de cause, évident que cette inefficacité n’est le résultat d’aucune intervention délibérée, ni d’un côté, ni de l’autre. Quant aux pays du nord, ils ont finalement réussi à imposer une négociation, dont les termes leur sont plutôt favorables, notamment parce que le montant de l’aide est fixée sur la base d’un pourcentage du PIB de chaque pays donateur, et non pas des besoins des bénéficiaires . En un mot, tout cela fait consensus, car cette situation arrange tout le monde.
Journal de naissance
trente-et-unième épisode
« Et alors, on s’en fout du Mali !», « Qu’ils se débrouillent tout seuls ! ». Ces commentaires ont été postés sur internet, suite à un article relatant l’effondrement récent d’une mine d’orpaillage, dans l’ouest du Mali, causant la mort d’au moins quarante-huit personnes ; les réactions enregistrées, suite à cette catastrophe, traduisent l’état désastreux de nos relations avec le Mali, puisque cet ex-ami de la France est sorti de la liste des fidèles; cette tragédie, se déroulant très loin de nos côtes, contrairement aux naufrages de ces embarcations de fortune censés conduire les migrants vers l’eldorado. Les maliens seraient nombreux à échapper à la damnation de l’orpaillage et du naufrage en mer, si on leur offrait cet embryon de formation, susceptible de leur donner cette envie d’apprendre plus, que de nouveaux outils pourraient satisfaire, via la vidéo et les réseaux sociaux. Consacrons chaque année 100 000 euros à la réalisation de ces modules de formation, soit une part infime du total de notre APD au Mali; en termes d’efficacité, je doute que les destinataires soient perdants.
Journal de naissance
Trente-deuxième épisode
Pour certains, l’efficacité de l’Aide Publique au Développement ne saurait être questionnée ; encore moins être encadrée par des objectifs. Cela signifie que « toucher à un cheveu » de cette politique publique conduirait tout droit à une suspicion de manipulation, et toute tentative de ce genre serait aussitôt taxée de politique de droite, parce que la précieuse valeur « entraide et solidarité » doit rester un marqueur inaccessible aux réactionnaires. En fait, le débat s’accompagne d’une tournure politique, selon le poids social que l’on met dans la définition de l’objectif ; s’il pèse trop lourd, on est à peu près certain de ne jamais l’atteindre. Mais, ne serait-ce pas le but ultime des fervents défenseurs de l’APD, qui n’envisagent pas que les pays bénéficiaires puissent un jour se passer de cette Aide ? Peu importe que de nouvelles méthodes voient le jour et permettent un développement plus rapide des pays pauvres, car il ne faut surtout pas briser cette précieuse « chaîne de valeurs ».
Journal de naissance
Trente-troisième épisode
Je ne réalise qu’aujourd’hui, en me retournant sur le passé que, engagée il y a tout juste vingt ans, mon aventure littéraire, (qui fait maintenant partie de ma vie, à tout jamais) doit tout au Mali, avec deux livres publiés sur place (dont le premier) et deux livres inspirés par mes activités durant les douze années passées là-bas, sur un total de cinq ouvrages déjà publiés. Sans la bonne volonté et la confiance de mes éditeurs maliens (qui faisaient partie du réseau de relations, patiemment tissé pendant mon premier séjour), je n’aurais sans doute pas persévéré; encore une preuve si c’était nécessaire que, sans réseau, on n’arrive à rien; je ne sais pas si je retournerai un jour au Mali, mais je suis certain que je ne cesserai plus d’écrire. Cette orientation était probablement inscrite dans mes gènes, puisqu’au début de ma carrière, j’ai été recruté comme rédacteur principal, mais je n’aurais jamais envisagé une telle évolution. L’écriture m’a donc toujours accompagné, et elle est restée pour moi synonyme de détente et de déconnexion.
Journal de naissance
Trente-quatrième épisode
Ca y est, l’affaire est faite, le tournage s’est bien passé, l’exercice de pédagogie professionnelle par les gestes est dans la boite, après quasiment six mois de recherche pour trouver un réalisateur ; il ne reste plus qu’à lui ajouter quelques éléments de mise en forme, et le produit sera présentable, pour
aborder une phase (certainement pas moins longue et compliquée, mais je ne serai plus en solo) de lâcher dans le grand bain médiatique. Dans les derniers hectomètres de ce marathon, j’ai heureusement trouvé du soutien et de l’accompagnement chez ECTI, association nationale de seniors bénévoles, qui a décidé d’intégrer mon projet à son programme national. Sans cet échange, je n’aurais pas été en mesure de boucler l’aventure tout seul car, en imposant le bénévolat à tous les participants, je m’étais enfermé dans une logique trop radicale. En tout cas, je n’aurais certainement pas su gérer, sans la moindre aide, tout l’ensemble de cette future partie de communication.
Journal de naissance
Trente-cinquième épisode
Selon les statistiques de l’OCDE, l’immigration en France figure parmi les moins qualifiées. En fait, le niveau d’intégration en France des migrants ne devrait pas se définir sur la seule base de la maîtrise du français ; en effet une formation professionnelle adaptée et garantissant l’accès au marché du travail, pour exercer dans un métier en tension, devrait constituer un élément essentiel d’insertion, de même que la capacité d’adaptation à la culture française. En procédant ainsi, on aurait moins de migrants au chômage en France ; il me parait donc urgent que ces deux paramètres fassent partie des éléments d’appréciation permettant de juger de la pertinence de toute demande de titre de séjour. A l’heure où la volonté de réindustrialiser la France se heurte à de nombreuses contraintes en matière de main d’œuvre, la mise en application de ce projet serait, en outre, un bon moyen de former des migrants-chômeurs à ces métiers de production, délaissés mais incontournables.
Journal de naissance
Trente-sixième épisode
Imposer à un migrant l’apprentissage du français, et s’abstenir de le guider dans sa recherche de formation-métiers, c’est vraiment faire les choses à moitié, mais surtout agiter le chiffon du colonisateur. En la matière, la proposition de la Délégation Interministérielle, à l’Accueil et à l’Intégration des Réfugiés se limite à faciliter l’accès à l’enseignement supérieur et à faire reconnaître les diplômes et qualifications professionnelles ; mais que fait-on des réfugiés qui sont, en outre, analphabète ou illettré. Rien n’est prévu pour eux dans la stratégie de cette Délégation, alors qu’ils ont naturellement tout autant que leurs compatriotes besoin d’une assistance, en tout cas certainement pas moins.
Journal de naissance
Trente-septième épisode
Comment imaginer qu’un chômeur, dépourvu de formation mais francophone va pouvoir trouver facilement du travail et s’intégrer alors à la société française. La maîtrise du français sans formation professionnelle devient un piège, voire une impasse ; quel que soit le public concerné, la formation ne fait jamais partie du spectre des objectifs d’intégration proposés par ce service. Dans l’état actuel de la situation, la solution la plus pratique et la moins contraignante est que le candidat à la migration commence par se former à un métier grâce aux possibilités offertes par la formation à distance via la vidéo lorsqu’elle sera disponible, avant même de quitter son pays ; il devrait alors pouvoir trouver facilement, du travail dans un métier en tension, et éviter ainsi de se lancer dans un voyage coûteux et dangereux.
Journal de naissance
Trente-huitième épisode
J’ai enfin acquis la certitude que la vidéo verra le jour ; oui mais, dans quel délai ? Impossible à dire. Un débat s’est ouvert hier pour déterminer si cet outil, qui a déjà subi quelques modifications devait être encore amélioré, quitte à retarder sa parution. ; il remplirait de façon satisfaisante sa mission de promotion, mais serait beaucoup moins performant sur le plan pédagogique ; dont acte. Personnellement, ça fait six mois que je travaille sur ce projet ; je commence à perdre patience, mais j’ai l’impression que les maliens (surtout l’acteur), au courant du projet, réagissent avec philosophie. Je pense que, partant de rien, en matière de formation professionnelle par vidéo, on pourrait déjà diffuser cette version, afin de tester l’idée auprès des maliens de France.
Journal de naissance
Trente-neuvième épisode
Cela fait déjà quelques semaines que la proposition m’a été faite d’intégrer mon projet de formation professionnelle au plan d’actions de l’association du bénévolat senior de compétences ; j’ai accepté sans hésitation car, malgré une légère perte d’indépendance largement compensée par la possibilité de ne pas devoir me réunir avec moi-même lorsque j’ai un doute sur un sujet quelconque, il vaut naturellement mieux être accompagné, et bien accompagné. En outre, je doute que les querelles d’ego soient fréquentes chez les retraités, puisqu’ils n’ont plus rien à prouver ; c’est souvent le cas, mais j’ai trouvé depuis mon retour du Mali une association dont le président se laisse parfois aller à parler de lui à la troisième personne.
Journal de naissance
Quarantième épisode
Quoi qu’il en soit, j’avance en terre inconnue. Je suis tout seul face à une grande association, sans mode d’emploi pour la suite ; pour l’instant, mon projet et moi ne sommes que des pièces rapportées. Ça fait deux ans que j’en fait partie, mais je n’ai pas encore eu l’occasion de me faire connaître au-delà des limites de la Bretagne. Alors, il va falloir tout inventer quant au fonctionnement des relations, mais s’agissant du projet, je le connais mieux que personne. Étant son créateur, je sais tout de lui, de son contexte, de ses avantages et de ses inconvénients ; je suis sur mon terrain, ce qui devrait me prémunir d’éventuelles situations complexes.
Journal de naissance
Quarante-et-unième épisode
L’aide publique au développement est dans la tourmente, depuis que le président américain a décidé de manier le sabre et le lance-flammes, pour réduire les dépenses de l’état. Le désendettement, tout le monde est pour, surtout si c’est le voisin qui en subit les conséquences. ; en France, lorsqu’on passe au microscope la démarche des acteurs, on s’aperçoit qu’un questionnaire destiné aux migrants ne parle que de business plan, de stratégie marketing et de projet entrepreneurial, notions qui ne sont accessibles qu’à ceux qui disposent d’un certain niveau de connaissances, mais laisse de côté les analphabètes et illettrés (et ils sont légion), de même que la catégorie des travailleurs manuels, qui pourraient être à la recherche d’un métier en tension . Or, parmi les immigrés vivant en France en 2021, 31 % de ceux âgés de 30 à 39 ans n’ont aucun diplôme. A partir de cette constatation, cherchez l’erreur. Qui pourrait naïvement s’étonner qu’une proportion élevée de migrants se retrouvent au chômage en France ?
Journal de naissance
Quarante-deuxième épisode
Aujourd’hui, date anniversaire de mes 75 ans, je vous propose de revenir sur quelques dates récentes qui ont marqué mon actualité : *01/09/2024 : parution de « du blanc au noir ». *26/09/2024: pot des contributeurs. *06/01/2025:création d’un podcast avec le club radio de Carantec disponible à l’adresse suivante : ARTE/RADIO/Audioblogs/Entretien avec M. Veller, créé par Radio chou-fleur. *01/03/2025 : première phase du tournage de la vidéo-test de formation professionnelle, destinée à servir de base à un programme de transfert des savoir-faire de travailleurs maliens employés en France sur des métiers en tension, à l’intention de compatriotes restés au pays, afin de leur montrer que la formation à distance pourrait leur permettre d’accéder à un embryon de connaissances professionnelles, qui leur servirait de base à l’acquisition des premiers gestes d’un métier qui recrute au Mali. Où tout cela va-t-il me mener ? Réponse au prochain numéro; peut-être.
Journal de naissance
Quarante-troisième épisode
Eh bien, je ne sais rien de plus qu’il y a trois jours ; pas étonnant, la faute sans doute à la trêve pascale. Je ne m’inquiète pas, car le processus est trop engagé pour qu’un abandon (en rase campagne) soit envisageable. Je profite de ce répit pour vous conter que c’est l’annonce d’un énième projet de loi « immigration », durant le quatrième trimestre de 2024, qui m’a incité, sur la base de ce que m’ont appris douze ans de Mali, à lancer ce projet de vidéo-test, grâce auquel nous pourrions disposer contre l’immigration clandestine d’un outil bien plus efficace et dissuasif que je ne sais quelle loi; que pourrait-elle faire contre la réalité sociale d’un pays, où le taux d’alphabétisation est d’environ 30%, alors qu’il voit chaque année plus de 300 000 jeunes arriver sans formation-métier sur le marché du travail. La formation par vidéo s’impose alors comme une évidence, par l’effet de masse que lui procurent les réseaux sociaux, et parce qu’elle “parle” aux analphabètes.
Journal de naissance
Quarante-quatrième épisode
Nos chapeaux à plumes reconnaissent que la réindustrialisation du pays est une urgence, au risque de brader définitivement notre souveraineté énergétique, alimentaire et médicamenteuse aux mains de quelques nouveaux riches, avides de se transformer en atelier du monde ; les quarante dernières années ont vu la France devenir le pays le plus désindustrialisé d’Europe; quelle revanche. Merci aux trente-cinq heures et aux bonimenteurs qui ont promis que le nouveau millénaire serait marqué par l’accès de la société au bonheur éternel, bannissant l’asservissement au travail ; une vision à long terme permettrait au contraire de comprendre que la mondialisation nous confronterait à un vaste marché, où la tentation de la consommation serait la plus forte pour ceux qui la découvraient. Et nous voilà, soumis à une autre dépendance, celle de la main d’œuvre des pays du sud (forcément non occidentaux), sans laquelle la réindustrialisation serait un vœu pieux; alors, vive les migrants
Journal de naissance
Quarante-cinquième épisode
Sans les migrants, « il n’y aurait plus de zone légumière en nord Finistère » ; et ce n’est pas moi qui le dit, mais les agriculteurs concernés eux-mêmes ; ceux qui pensent que notre pays n’a pas besoin de travailleurs étrangers, saisonniers ou non, venus d’Afrique, d’Europe ou d’ailleurs se trompent, car sans eux, la construction, l’hôtellerie-restauration et l’agriculture manqueraient singulièrement de bras, puisque ces activités, dont la pérennité semble essentielle à la survie de notre art de vivre, sont boudées par les français. C’est la préservation du pouvoir d’achat des consommateurs qui ne permet pas d’aller au-delà du SMIC, pour rémunérer les travailleurs de plein champ. Rien qu’en 2024, le nombre de salariés occasionnels, originaires d’Europe du sud ou d’Afrique du nord, et recrutés dans le pays de Morlaix a donc dépassé 2 200 personnes. Mais ce schéma nécessite une gestion administrative compliquée, sans résoudre les questions devenues récurrentes du transport et du logement.
Journal de naissance
Quarante-sixième épisode
Suite à la parution d’une nouvelle circulaire ministérielle, le débat sur l’immigration, souvent primaire sur un sujet aussi clivant, est rouvert car les acteurs de la scène politique en ont besoin pour avoir quelque chose à dire lorsque la situation leur échappe. Malgré un contexte plutôt tendu, cette nouvelle circulaire n’a heureusement pas donné lieu à la moindre démonstration violente, ni de la part des pour ni de la part des contre, ce qui, concernant ce sujet, pourrait s’apparenter à une sorte de performance. Les deux parties n’ont pas encore échangé des arguments structurés, mais il est probable que les « preuves à l’appui” resteront au vestiaire parce que les uns préfèrent s’en tenir au politiquement correct, et que les autres se contentent d’agiter l’épouvantail. La réduction du nombre de sans-papiers régularisés ne devrait, en principe, pas constituer un objectif en soi, même si les apparences comptent beaucoup pour ceux, qui ont décidé d’être contre.
Journal de naissance
Quarante-septième épisode
Le sujet « migrants » a littéralement envahi l’espace en squattant le débat politique et en impactant fortement le quotidien des français. Mais on perd de vue que l’immigration n’est pas unique, car les migrants ont tous un passé, directement lié au contexte de leur pays d’origine ; en outre, il faudrait accepter d’utiliser l’outil statistique qui, en mesurant l’effet des politiques publiques, permettrait de mettre en œuvre des mesures adaptées aux besoins, aux habitudes et aux relations de chacun des pays d’origine avec la France. Par exemple, il devrait apparaître évident qu’un migrant venant d’un pays en guerre ne saurait être traité de la même façon que celui a pu sortir librement de son pays et s’en est éloigné pour chercher du travail. Ce choix de ne pas différencier le traitement des uns avec celui des autres vise sans doute à favoriser l’intégration de tous (avec un résultat peu probant), mais il a en réalité pour effet de tout globaliser, ce qui complique la gestion de l’ensemble.
Journal de naissance
Quarante-huitième épisode
Quand un politique ne relance pas le sujet, il n’est pas rare qu’un quelconque média s’empresse de relancer la machine ; par exemple, les angles d’attaque sont nombreux, soit « le référendum refusé aux français » ou « 48% des français sont pour l’immigration zéro » , alors que chacun sait que l’immigration zéro n’existe pas. Une alliance objective se serait-elle constituée entre les politiques et certains médias pour éviter que le sujet disparaisse des radars ne serait-ce que quelques jours ou une semaine ? Je verrais bien un sondage demandant aux français si les média ou le personnel politique français sont-ils contre l’immigration ? Je pense qu’il serait très intéressant de poser la question, et les résultats non moins instructifs.
Journal de naissance
Quarante-neuvième épisode.
En commentant sa décision relative à l’immigration, le Conseil constitutionnel précise aussi que la statistique publique est autorisée à réaliser des études sur la mesure de la diversité des origines des personnes, de la discrimination et de l’intégration, en se fondant sur des données objectives, comme le nom, l’origine géographique ou la nationalité antérieure à la nationalité française. Vu l’orientation du débat, il ne serait certainement pas inutile d’aller plus loin en croisant les statistiques d’entrée des migrants par pays d’origine, avec celles de l’insécurité et de la délinquance. Nous pourrions ainsi évaluer la juste proportion des migrants responsables de violences en France, et cibler efficacement leur prise en charge en évitant toute stigmatisation globale, mais aussi de connaître la proportion de migrants qui sont au chômage, et de brosser un tableau exact de leurs besoins de formation, ce qui faciliterait au bout du compte leur orientation vers les métiers en tension
Journal de naissance
Cinquantième épisode
En dépassant le modèle d’intervention adopté par les ONG concernés, un schéma de cofinancement avec la diaspora malienne, permettrait de proposer aux chômeurs maliens un modèle de formation adapté à leurs besoins; mais cela supposerait que les Autorités françaises se chargent de mettre en œuvre un schéma de partenariat public/privé qui, malgré les critiques a fait ses preuves lors des J.O. de Paris 2024. Selon Double Trade, plate-forme d’information sur les marchés publics et privés, cet événement serait bénéficiaire de 28 millions d’euros, suscitant entre 6,7 et 11,1 milliards de dépenses, dont 7 milliards financés par des partenaires privés. Vu que les migrants maliens virent annuellement 893 millions d’euros à leur famille restée au pays, une part minime de ce montant (inférieur à 1/1000) pourrait contribuer au financement de ce projet de formation professionnelle par lequel des acteurs maliens initieraient les principaux gestes d’un métier en tension à l’intention de leurs compatriotes.
Ces transferts privés bénéficient de toutes les attentions de l’ONU notamment qui a décidé que la journée des envois de fonds à la famille aurait lieu le 16 mai
Journal de naissance
Cinquante-et-unième épisode
Les décisions prises pour réduire l’endettement de la France risque d’impacter les associations. La présidente des Femmes de Bretagne connaît bien le remède à la dépendance aux subventions puisqu’il s’agit d’une maladie assez répandue en France, notamment, chez les acteurs de la bienfaisance. Sans doute, mais ne serait-il pas temps de changer de modèle ? Par lâcheté ou par facilité, personne ne se décide à faire les efforts nécessaires pour l’éradiquer ; certaines associations sont démunies lorsque la boite à subventions est en berne, parce qu’elles ne se sont pas préparées à une telle éventualité. Pourtant les solutions existent, et elles sont nombreuses ; il faut passer soit par la hausse des cotisations, soit par la vente de services marchands, soit par le mécénat, soit par un financement participatif, ce qui suppose évidemment une organisation différente. Le projet de formation par vidéo en est un bon exemple
Journal de naissance
Cinquante-deuxième épisode
Si les gouvernements (et le gouvernement français n’est pas le dernier en la matière) s’avisaient d’écouter ce que pensent les sociologues, concernant les politiques migratoires, ils réaliseraient que les initiatives prises pour contenir le mouvement de migration sont totalement inefficaces. Ces chercheurs considèrent, en effet, que le développement économique n’est, par expérience, pas de nature à réduire l’émigration, mais le problème n’est pas là. De toute façon, la promotion du développement ne peut pas atteindre son objectif, lorsque la population est aussi peu formée. L’efficacité de l’APD se situe, à peu près au même niveau que celle de la politique de la ville en France ; on devrait d’ailleurs plutôt parler de politique des banlieues, alors que les remèdes apportés sont plus ou moins les mêmes avec un résultat aussi maigre d’un côté que de l’autre.
Journal de naissance
Cinquante-troisième épisode
Pourquoi les acteurs de l’Économie Sociale et Solidaire, qu’ils interviennent directement dans la vie du secteur comme salariés ou dirigeants d’une entité économique, ou indirectement comme journalistes ou législateurs se comportent-ils tous comme des agents économiques dramatiquement dépendants de l’argent public, tout en revendiquant la primauté de l’humain sur le profit ? C’est un objectif facile à atteindre lorsque les ressources financières émanent essentiellement du service public. Se rappeler au bon souvenir des bailleurs de fonds, dés qu’un risque de réduction budgétaire se profile à l’horizon, c’est montrer au grand jour que les opérateurs concernés sont dépendants des financements, au même titre qu’une entreprise privée ; en revanche, rien ne prouve que la sobriété financière fasse partie des objectifs de tous ceux qui se rangent dans cette catégorie. alors que cet acteur économique de poids, représente 10 % du PIB et près de 14 % des emplois privés en France. .
Journal de naissance
Cinquante-quatrième épisode
Après mon retour du Mali en juin 2022, il m’aura fallu trois ans pour parvenir à publier mes deux livres témoignant de ma vie là-bas durant douze ans, et de l’expérience acquise pendant cette période, à partir de laquelle j’ai conçu un projet de formation professionnelle à distance, qui m’a servi de point de départ pour réaliser une vidéo dans laquelle un jeune malien émigré en Bretagne, présente à l’écran les principaux gestes de son métier (en tension en France) de plaquiste; cette traduction sous forme de synthèse de ces deux ouvrages servira de produit d’accroche auprès de acteurs concernés par les mouvements migratoires, aussi bien en tant que pays d’origine que de pays d’accueil, c’est-à-dire à peu de chose près la terre entière. En dehors de sa souplesse de fonctionnement, l’autre immense qualité de ce projet, c’est d’inclure dans le parcours du migrant un schéma de formation adaptée à ses besoins et transmise directement par un compatriote.
Journal de naissance
Cinquante-cinquième épisode
J’ai vécu le 22 mai une journée que je qualifierai d’intéressante. Tout d’abord, la lecture du quotidien m’apprend que des élèves de primaire en Bretagne profonde ont remporté avec une affiche intitulée « la différence est un trésor » le prix spécial de la catégorie « inclusion scolaire » du concours national « Non au harcèlement », organisé par le ministère de l’Éducation nationale ;cela valait bien ce prix, assorti d’une remise officielle à l’Élysée par le président lui-même. Ils s’en souviendront toute leur vie et c’est bien mérité. Quelle maturité, en tout cas, d’avoir su valoriser intelligemment et positivement ce que d’autres rejettent violemment. J’irai bien les rencontrer un jour pour échanger, voire partager quelques idées avec eux, mais je vais commencer par leur transmettre le podcast, réalisé par les élèves du club radio du collège de Carantec, et à partir de là je pense que nous pourrions établir un échange intéressant.
Journal de naissance
Cinquante-cinquième épisode
Aucun pays d’accueil n’est parvenu à mettre en œuvre une gestion raisonnable et partagée des flux migratoires ; seul le Portugal se soucie de la formation des migrants, et ce pays est reconnu pour parvenir à contenir le chômage. Un migrant chômeur qui, par nature, n’est pas intégré, devient très vite un poids pour la société. Actuellement, personne ne se soucie des intentions du migrant, ni avant son départ, ni de son suivi après la fin de ses cours de français ; cette tâche devrait être confiée aux conseillers des français de l’étranger présents sur place. Si une majorité de migrants décidaient d’adopter ce schéma, la gestion du flux migratoire s’en trouverait facilitée grâce à une meilleure communication à tous les niveaux.
Journal de naissance
Cinquante-sixième épisode
C’est la première fois que je suis l’instigateur d’un projet. Je n’imaginais pas, en quittant Bamako qu’après l’atterrissage, j’allais me lancer dans un projet qui m’occuperait pendant trois ans ; ce n’est même pas fini parce que jusqu’à maintenant, j’ai travaillé tout seul à mon rythme. Vu que j ‘ai lancé un machin qui va vraisemblablement m’occuper jusqu’à la fin de mes jours, il va bien falloir travailler en équipe. Et, par exemple, passer plus d’une fois par un trou de souris pour avancer ; à ce stade, j’ignore si le projet occupera atteindra les limites de son potentiel, en prenant une ampleur internationale;le niveau atteint, s’il se développe, dépend très largement de son efficacité. On verra bien ce qu’apportera la médiatisation, qui est en bonne voie, parce que j’ai fini par comprendre qu’en la matière, ça ne servait à rien de brûler les étapes.
Journal de naissance
Cinquante-septième épisode
Entre le terrain et les fiches, j’ai toujours préféré le terrain, car c’est un gage de concret, qui ne trompe jamais ; encore faut-il laisser au labour le temps de produire son effet sur les chiffres du chômage au Mali. Le laboureur déclarait à ses enfants que le “travail est un trésor” ; certes, sauf qu’il ne se partage qu’au sein d’un petit groupe dont tous les membres sont dotés d’un laissez-passer, intitulé formation-métiers ; et celui qui n’a pas reçu ce précieux sésame reste à la porte.
Comment imaginer que la formation par vidéo ne soit pas encore devenue la référence absolue, tant elle colle aux besoins du Mali, par l’effet de masse sur lequel elle s’appuie ; c’est sans doute ce qu’on appelle la résistance au changement. Comment se priver d’une méthode de formation avant même qu’elle n’ait été testée en grandeur nature ?
Journal de naissance
Cinquante-huitième épisode
En raison de l’immensité des besoins, personne ne court le moindre risque, en laissant s’organiser le test du Mali ; Il ne faut pas se priver d’utiliser les méthodes modernes, même si le Mali figure parmi les pays les plus pauvres. Mais à ce stade, personne n’a cru à cette méthode, qui pourrait, si la phase d’application n’est perturbée par aucune complication, contribuer à résoudre un problème de taille mondiale, puisque le contrôle des flux migratoires concerne tous les pays, qu’ils soient d’origine ou de destination ; je me réjouis d’être l’instigateur d’une démarche qui aurait pu ne jamais voir le jour, permettant ainsi aux pays très pauvres d’essayer la formule. Qu’arrivera-t-il si le test est négatif ? Rien, il ne se passera rien, puisque le résultat de la formation dite magistrale est toujours resté proche de zéro.
Journal de naissance
Cinquante-neuvième épisode
Le sujet « migrants » a littéralement envahi l’espace, en squattant le débat politique et en impactant fortement le quotidien des français. Mais on perd de vue que l’immigration n’est pas unique, car les migrants ont tous un passé, directement lié au contexte de leur pays d’origine; en outre, il faudrait accepter d’utiliser l’outil statistique qui, en mesurant l’effet des politiques publiques, permettrait de mettre en œuvre des mesures adaptées aux besoins, aux habitudes et aux relations de chacun des pays d’origine avec la France. Par exemple, il devrait apparaître évident qu’un migrant venant d’un pays en guerre ne saurait être traité de la même façon que celui qui a pu sortir librement de son pays, et s’en est éloigné pour chercher du travail. Ce choix de ne pas différencier le traitement des uns avec celui des autres vise sans doute à favoriser l’intégration de tous (avec un résultat peu probant), mais il a en réalité pour effet de tout globaliser, ce qui complique la gestion de l’ensemble
Journal de naissance
Soixantième épisode
On s’aperçoit alors que, selon le parcours prévu, l’intégration du migrant francophone se décline en plusieurs volets, d’ordre résidentiel, économique, culturel et social, mais l’insertion professionnelle n’est jamais considérée comme une priorité, puisque la formation métiers n’apparait en aucun cas comme une étape incontournable dans ce parcours; en un mot, elle permet au migrant, devenu chômeur de survivre, mais pas de s’insérer faute de formation. Et le taux de chômage des descendants de migrants atteint 13%, alors que celui des hommes sans descendance est de 7%. Comment nos ONG, bien relayées par certains de nos chapeaux à plumes pourraient-elles s’en satisfaire? Par pure opportunité politique, certains brandissent à nouveau un projet de référendum contre l’immigration, alors que le nombre des arrivées est en baisse; On dirait que ce n’est pas un problème de volume du flux d’arrivées, mais d’opposition par principe à l’égard de l’étranger.
Journal de naissance
Soixante-et-unième épisode
Le sujet « migrants » a littéralement envahi l’espace, en squattant le débat politique et en impactant fortement le quotidien des français. Mais on perd de vue que l’immigration n’est pas unique, car les migrants ont tous un passé, directement lié au contexte de leur pays d’origine; en outre, il faudrait accepter d’utiliser l’outil statistique qui, en mesurant l’effet des politiques publiques, permettrait de mettre en œuvre des mesures adaptées aux besoins, aux habitudes et aux relations de chacun des pays d’origine avec la France. Par exemple, il devrait apparaître évident qu’un migrant venant d’un pays en guerre ne saurait être traité de la même façon que celui qui a pu sortir librement de son pays, et ne s’en est éloigné pour chercher du travail, sans avoir à se préoccuper de la sécurité de sa famille. Ce choix de ne pas différencier le traitement des uns avec celui des autres vise sans doute à favoriser l’intégration de tous (avec un résultat peu probant), mais il a en réalité pour effet de tout globaliser, ce qui complique la gestion de l’ensemble.
Journal de naissance
Soixante-deuxième épisode
Lorsque cette initiative de formation aura vu le jour, nous verrons bien quelle sera la plus efficace, tout en étant la plus proche des préoccupations des maliens. Cette approche est particulière parce qu’en plaçant au premier rang l’intervention des sociétés civiles, malienne et française, elle inverse l’ordre des priorités. L’apprentissage du français ne figure plus au premier plan, laissant la place à la formation professionnelle, qui ouvre la voie au recrutement, au titre d’un métier en tension; l’articulation e pari est alors le suivant:l’expérience montre que la maîtrise de la langue ne garantit pas l’insertion professionnelle. On s’aperçoit alors que l’intégration du migrant francophone se décline en plusieurs volets, d’ordre résidentiel, économique, culturel et social, mais ne lui ouvre pas la voie à une insertion professionnelle ; en un mot, elle permet au migrant, devenu chômeur de survivre, mais pas de s’insérer faute de formation, même si certains migrants plus efficaces que les autres parviennent à s’en sortir. Comment nos pros de l’assistance, bien relayées par certains de nos chapeaux à plumes, pourraient-ils s’en satisfaire?
Journal de naissance
Soixante-troisième épisode
Lorsque cette initiative de formation aura vu le jour, nous verrons bien quelle sera la plus efficace, en étant la plus proche des préoccupations des maliens. Cette approche est particulière parce qu’en plaçant au premier rang l’intervention des sociétés civiles, malienne et française, elle inverse l’ordre des priorités. L’apprentissage du français ne figure plus au premier plan, laissant la place à la formation professionnelle, qui ouvre la voie au recrutement, au titre d’un métier en tension; l’articulation e pari est alors le suivant:l’expérience montre que la maîtrise de la langue ne garantit pas l’insertion professionnelle. On s’aperçoit alors que l’intégration du migrant francophone se décline en plusieurs volets, d’ordre résidentiel, économique, culturel et social, mais ne lui ouvre pas la voie à une insertion professionnelle ; en un mot, elle permet au migrant, devenu chômeur de survivre, mais pas de s’insérer faute de formation, même si certains migrants plus efficaces que les autres parviennent à s’en sortir. Comment nos pros de l’assistance, bien relayées par certains de nos chapeaux à plumes, pourraient-ils s’en satisfaire?
Journal de naissance
Soixante quatrième épisode
Du courage, morbleu ! Comment le peuple le plus cultivé du monde, peut-il reculer devant la publication d’une liste ? D ‘accord, cet inventaire doit servir de référence pour délivrer ou non des titres de séjour à des individus, venus de contrées lointaines, pour le cas où ils accepteraient d’occuper un poste de travail dont les hexagonaux ne veulent plus, dans des secteurs aussi variés que l’agriculture, l’aide à domicile, et la restauration. La version précédente datait de 2021, et avait été établie à partir de données datant de 2008. Le ministre s’est fait plaisir en accrochant son nom à un texte qui envoie à ses partisans les signaux attendus. Ce sont bien des choix des consommateurs français qui sont à l’origine de la nécessité de recourir à des étrangers pour que des entreprises, opérant dans des domaines directement liés à l’art de vivre à la française , ne soient pas contraintes de réduire leur activité, en raison des difficultés rencontrées pour recruter du personnel.
Journal de
Soixante-cinquième épisode
En 2022, selon les statistiques de l’INSEE, 68 000 immigrés (occupant 5% des postes pourvus) étaient salariés en Bretagne pour des métiers pénibles et peu qualifiés, avec une forte présence dans l’agriculture, l’hôtellerie-restauration, le bâtiment et les services aux entreprises. en 2012, la proportion d’immigrés était de 3,2% dans les industries agro-alimentaires; dans le domaine de la pêche, on dénombre 500 marins étrangers (dont de nombreux africains de l’ouest, principalement sénégalais, très appréciés pour leurs compétences). Il apparaît par conséquent que le fonctionnement d’une part importante de secteurs essentiels pour l’économie régionale serait sérieusement perturbée, si les entreprises devaient se passer de la main œuvre africaine; et ce besoin impacterait aussi l’ensemble des ports de pêche en France.
Journal de naissance
Soixante-sixième épisode
Lorsqu’on veut stigmatiser l’immigration, la boîte à idées fonctionne à plein régime. Quand un éminent juriste nous annonce que « la montée des inciv1**lités serait essentiellement liée à la présence d’une immigration incontrôlée », il avoue n’avoir aucune idée quant au nombre réel d’incivilités commises par des migrants, car le poids de l’essentiel reste l’insondable inconnue du problème ; ceux qui pensent comme lui, avouent leur ignorance en demandant la création d’une commission d’enquête parlementaire, pour évaluer ce coût. C’est commode, car ça permet de reprendre la main, et de montrer que seuls les initiateurs de l’idée engagent des actions de nature à réduire les dépenses de l’Etat. Il reste à savoir quelle part de subjectif les membres de ladite commission globalement opposés au recours à l’immigration, accepteront qu’elle soit de travail ou non. A quoi bon mener cette enquête, s’il se confirme que l’Union Européenne aurait déjà fait le calcul.
Journal de naissance
Soixante septième épisode
L’addiction franco-française à la dépense publique atteint un sommet en termes de paradoxes et de contradictions, lorsque les acteurs de l’Économie Sociale et Solidaire annoncent que 186 000 emplois (mais, d’où sort ce chiffre? Le flou qui l’entoure n’est-ils pas de nature à le remettre en cause) risquent d’être supprimés, en raison des restrictions prévues, pour un secteur qui emploie 2,4 millions de personnes. Le niveau d’endettement du pays est tel que tous les catégories ont été sollicitées pour contribuer vertueusement à réduire cette charge. Via l’APD, les ONG, qui sont en France souvent de petites associations et la Solidarité internationale seraient directement menacées ; sauf que la solidarité ne se mesure pas seulement en euros, mais surtout en temps passé, en présence physique, en conseils, en disponibilité, voire en empathie, et ceux qui sont dans une situation qui les contraint à faire appel à la solidarité, le disent eux-mêmes. On pourrait, par exemple commencer par recenser les projets qui peuvent se conduire avec des montants limités.
Journal de naissance
Soixante-huitième épisode
Les décisions, prises pour réduire l’endettement de la France, risquent d’impacter également les associations. La présidente des Femmes de Bretagne connaît bien le remède à la dépendance aux subventions, puisqu’il s’agit d’une maladie assez répandue en France, notamment, chez les acteurs de la bienfaisance. Sans doute, mais ne serait-il pas temps de changer de modèle ? Par lâcheté ou par facilité, personne ne se décide à faire les efforts nécessaires pour éradiquer cette addiction.
Certaines associations sont démunies lorsque la boite à subventions est en berne, parce qu’elles ne se sont pas préparées à une telle éventualité. Pourtant les solutions existent, et elles sont nombreuses ; on peut, en effet, passer soit par la hausse des cotisations, soit par la vente de services marchands, soit par le mécénat, soit par un financement participatif, ce qui suppose évidemment une organisation et un mode de fonctionnement complètement différents; Le projet de formation par vidéo en est un bon exemple.
Journal de naissance
Soixante-neuvième épisode
Avant de clore ce journal, un sondage parait à point nommé pour orienter un débat qu’il est difficile de placer au-dessus du marais de la polémique. 7 français sur dix (soit une hausse de huit points en trois mois) se déclareraient opposés à l’entrée de nouveaux migrants sur le territoire. Depuis le mois d’avril dernier, le Conseil présidentiel pour les partenariats internationauxa décidé que: “ « Toute référence et dénomination officielle devront privilégier la notion de partenariats internationaux ou renvoyer à l’une de ses composantes (solidarité, investissements solidaires et durables, alliances) plutôt qu’à la terminologie de l’aide publique au développement».
Le pourcentage de 0,7% du PIB, que les pays de l’UE s’étaient engagés à consacrer à leurs engagements d’aide, sera abandonné, cette réduction de crédits pourrait susciter la recherche de projets à la fois moins coûteux et plus efficaces. Je ne suis pas certain que le changement de vocabulaire soit de nature à faire évoluer la situation. Dans un registre beaucoup plus pragmatique, la revue Alternatives Economiques suggère elle-même que “le paradigme doit se construire sur l’échange de pratiques, de l’écoconstruction, du lien territoire à territoire, de la capitalisation commune et des garanties de transparence et de redevabilité”.Si les donateurs adoptent cette démarche, les pays pauvres ne perdront peut-être pas au change.
Journal de naissance
soixante-dixième épisode
La question des relations de la France avec l’Afrique ne percute le débat politique en France que sous un jour négatif. Souvenez-vous de la campagne présidentielle en 2022. Ce mauvais effet recommence aujourd’hui, lors que certains dirigeants politiques rendent les migrants responsables du développement de la violence en France. Un amalgame très facile, que les sociologues et les statisticiens démentent sans hésiter.