Entretien avec Anaïs Carteus – PN

Entretien avec Anaïs Carteus – PN

Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?

Etant une inconnue, certains lecteurs s’attendaient à un travail de piètre qualité, bâclé et proche de l’amateurisme. Ils m’ont dit avoir été agréablement surpris de voir que ce n’était pas le cas, mieux encore : ils ont adoré. Sur Babelio, les critiques disent en grande majorité que mon livre leur a fait comprendre les mécanismes de la perversion narcissique et qu’il devrait être mis entre toutes les mains, ne fut-ce qu’à titre préventif. D’autres lecteurs ont jugé l’histoire prenante, affirmant qu’ils n’ont pu le lâcher. Ce qui m’a surtout fait plaisir, cela a été de conquérir le cœur de personnes n’aimant pas lire et l’ayant dévoré en une ou deux soirée, m’expliquant qu’il est passionnant. C’est une de mes plus belles victoires, avec ce roman.

Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?

L’originalité de « PN » tient dans le fait que finalement, peu d’ouvrages traitent de la perversion narcissique avec autant de force et d’honnêteté. Souvent, les romans qui en parlent dépeignent un homme brutal caricatural et une victime frêle qui l’est tout autant. La violence apparaît d’abord physiquement et ensuite, on part sur le caractéristique repas que l’homme juge immangeable et c’est souvent ce type d’éléments qui est repris. Ici, dans « PN », on comprend le départ insidieux de la violence, mais aussi la luminosité que ce type d’hommes dégage pour attraper sa proie et tisser une toile invisible autour d’elle. Petit à petit, le lecteur est pris au piège avec la victime, Romane, et comprend. Car ce qui manque cruellement dans notre société, c’est la compréhension vis-à-vis de toutes les femmes qui restent malgré les coups ou les humiliations. En effet, elles partent peu, et lorsqu’elles le font, elles y retournent, parfois… à la stupéfaction et sidération de leur entourage. Ce livre, explique, montre, démontre à quel point le double visage du pervers narcissique est déstabilisant autant qu’il séduit. Des lectrices ont expliqué qu’à la place de Romane, elles seraient probablement restées, alors qu’elles sont saines d’esprit, cultivées et indépendantes.

Les lecteurs ont sincèrement souligné que pour la première fois, ils arrivaient véritablement à percevoir les rouages de ce type de relation toxique.

Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?

Je n’ai pas de rituel d’écriture, comme par exemple Paul Sheldon chez Stephen King, qui s’isole à la fin de l’écriture de Misery et s’allume une cigarette. Je fonctionne plutôt par flash. L’idée doit germer dans ma tête pendant des mois et je laisse décanter. Petit à petit des phrases apparaissent, ensuite c’est un contexte, des personnages, des dialogues. Cela me vient en promenade dans la nature, en ville lorsque je fais mes courses, en voiture dans les embouteillages… L’essence du roman se concrétise petit à petit, et lorsque la substance devient solide, je commence à écrire. Et à partir de ce moment-là, les idées fusent à toute heure du jour et de la nuit. J’y mets toutes mes frustrations, mes colères, ma haine. L’idée est de transformer l’énergie négative en mots justes, incisifs, corrosifs. Il faut transmettre les émotions avec justesse, sans fioriture ni bla bla intellectuel qui au final ne sert qu’à flatter l’égo de l’auteur. Ici, pas question de chercher la tournure de phrase la plus alambiquée, qui fera perdre au lecteur le fil du sujet de la phrase ou l’ennuiera profondément. Il faut de l’honnêteté, de la franchise pure, sans ménager le lecteur. Il doit être pris par les tripes et vivre ce que mes personnages vivent.

J’écris sur mon traitement de texte à l’ordinateur, et lorsque je ne suis pas chez moi, je le fais dans un cahier, dès que j’en ai l’opportunité. Je suis alors totalement dans mon roman, et le quitte avec difficultés pour retourner à la réalité.

Anaïs Carteus, auteure de PN, disponible sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.