Entretien avec Cara Tous – Mille rencontres

Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?

Un soulagement, car à travers ce témoignage, j’écris depuis des années sur tout ce qui se passe autour de moi !

– Je ne voulais pas que les femmes musulmanes soient « des femmes gelées » comme dirait Annie Ernaux !

– Je voudrais que ces femmes soient libres dans leur corps dans leur esprit et dans leur âme !

– Je veux que les générations à venir baignent dans la culture qui est notre fond de vie, et qu’elles laissent la religion dans la sphère privée.

– Je veux que les générations à venir se battent pour l’épanouissement, la dignité, la justice, l’égalité entre femme et homme au lieu de chercher toute explication dans les textes sacrés (voile, haram…), Malek Chebel un défenseur de « l’islam des lumières » disait : Le Coran est la main gantée de l’homme et que l’islam est une auberge espagnole, vous venez vous y prenez ce que vous y trouvé ».

– Je veux mettre sur un un socle, un piédestal le vivre ensemble :

Une grande dame, Simone Veil disait : «  venus de tous les continents, croyants et non croyants, nous appartenons tous à la même planète, à la communauté des hommes. Nous devons être vigilants, et la défendre non seulement contre les forces de la nature qui la menacent, mais encore d’avantage contre la folie des hommes ».

– Femme , jeune fille, musulmane, Il faut travailler, lire, écrire, aller au cinéma, s’amuser, écouter la musique, danser, voyager, rêver, faire du sport, donner libre cours à sa fantaisie…Que personne n’aie le droit de vous en priver !

Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?

Toute petite, j’ai écrit les contes que ma grand-mère me racontait (tradition orale). Et j’ai toujours continué à écrire.

Le matin de bonne heure est un havre de paix : c’est vraiment le matin que je suis très concentrée, j’écris pendant 2 à 3 heures. J’aime bien y revenir en fin d’après-midi pour me relire. Ensuite je prends un peu de recul, 3 à 4 avant une relecture. Je peux ainsi modifier, rajouter…entre temps je continue d’avancer dans l’histoire.

Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui, sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?

Oui et je suis bien avancée !  J’écris un témoignage où je mets face à face une corse de 92 ans avec une maghrébine : Stella et Nejma faisaient des « spuntinu » ( pique-niques) ensemble dans un jardin sur le Cap Corse : elles se racontaient leur condition de femme…

elles étaient des amies, elles n’avaient pas besoin de médiateurs : elles n’avaient pas de conflits communs, elles n’avaient pas d’intérêts à défendre, Toutes les deux , passaient des soirées entières à dialoguer, avec elles-même, avec le ciel et avec les habitons du jardins et surtout avec le silence !

Elles parlaient de leurs aventures, de leurs blessures, de leurs réussites, de leurs échecs… Les étoiles les entendaient et brillaient pour elles. Les insectes leur répondaient dans le noir et de temps en temps les lucioles éclairaient leurs pensées. Elles se livraient en toute liberté aux oreilles attentives et bienveillantes de l’une et l’autre. C’étaient des conversations franches sans jugements ni tabous.

J’écris aussi l’histoire de la famille pour ma petite fille !

Un dernier mot pour conclure juste pour le plaisir…

J’aime danser, j’aime cuisiner, me régaler et partager avec mes amis. Et je n’oublie jamais de lutter  pour une vie juste ! Saint-Exupéry dit toute lutte est une danse… », cela me convient parfaitement bien.