
Entretien avec Maurice Martin auteur de Marianne
Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?
C’est un sentiment partagé, le fait de le toucher, de le voir en réel et entre les mains des lecteurs, était très émouvant.
J’avais l’impression que « Marianne » ne m’appartenait plus.
Quand on écrit, on a ce sentiment que l’histoire est pour nous, qu’elle nous appartient quelque part.
Je me retrouve dans certains personnages, j’ai le sentiment que c’est quelque chose d’intime, presque comme le sentiment que c’est pour soi.
Je ressens une profonde proximité avec l’histoire, et puis, en le voyant chez des libraires, j’ai compris, à ce moment-là, que Marianne ne m’appartenait plus, qu’elle était dorénavant entre les mains des lecteurs.
Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?
C’est assez émouvant d’entendre les émotions des lecteurs. Certains y retrouvent des fragments de leur propre vie, d’autres ont aimé ma manière de décrire les lieux, les scènes, les personnages.
De nombreux lecteurs m’ont confié qu’ils avaient l’impression de se projeter littéralement dans le livre, d’autres ont évoqué un aspect cinématographie dans le déroulement de l’histoire.
Certains lecteurs ont suivi tout le parcours de Marianne, parfois à l’envers pour terminer à Vezzani.
De nombreux lecteurs m’ont dit l’avoir lu deux fois, mais ce qui revient, et de manière unanime, c’est qu’ils me demandent tous la suite.
Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?
Le travail d’écriture est long, il demande du temps, de la recherche, et une immersion totale pour vivre pleinement l’histoire au moment même où je l’écris.
Ce moment d’écriture est intense, et quand il s’arrête, s’installe alors un sentiment de doute, où il faut attendre, patiemment, les réponses des éditeurs. Parfois, plusieurs mois s’écoulent avant d’avoir une nouvelle d’un éditeur, de temps en temps, un courrier pour m’annoncer que Marianne est retenue au comité de lecture, et puis arrivent les courriers de refus. S’installe alors le sentiment de doute, de déception, une forme de patience et beaucoup d’humilité.
Et puis, un jour, alors que j’avais le sentiment que je n’aurais aucune réponse, un appel téléphonique, et la joie d’apprendre que Marianne a été retenue.
Les enseignements sont nombreux :
Chaque auteur a son style, il peut ne pas répondre aux attentes des éditeurs, au fond les seuls véritables arbitres dans cette aventure, restent les lecteurs.
Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?
L’originalité réside, selon moi, dans ma manière d’installer un récit dans un récit. Cette petite fille devient, au fil des pages, presque un membre de leur propre famille.
À travers son histoire, je voulais aussi faire revivre une époque où l’humain avait quelque chose de plus vrai, de plus authentique. Certes, la vie pouvait être rude et pleine de souffrances, mais c’était une vie intense, ancrée dans la réalité.
Je pense que les lecteurs ont perçu cet esprit. Je voulais qu’ils ressentent cette atmosphère, ce sentiment d’être là, eux aussi, face à Marianne, à lui poser ces questions sur sa vie, sur ses souvenirs.
Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?
J’aime écrire, mais c’était la première fois que je me lançais dans un roman. Je me suis rapidement rendu compte que j’écrivais « au kilomètre », que je pouvais écrire plus de 12 heures par jour, sans pratiquement m’arrêter, parfois même durant plus de 10 jours d’affilée… puis m’arrêter, parfois durant plusieurs jours, et recommencer, sans jamais perdre un millimètre de mon histoire.
J’écris aussi bien sur mon ordinateur que dans de petits cahiers qui se ferment par un élastique. Souvent, mes manuscrits me servent à développer l’histoire, à mieux encore décrire les personnages, les lieux parfois. Je m’installe là, au fond d’une brasserie, ou encore ici, sur un banc, en plein milieu d’un parc, ou d’une place, le bruit ne me dérange pas, souvent il m’inspire, mais je reste plongé dans mon histoire et rien ne peut vraiment me perturber.
En revanche, j’ai beaucoup de mal à écrire chez moi, j’ai besoin d’être ailleurs, parfois même sur les lieux que je décris.
Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui sur quoi avez-vous envie
d’écrire pour ce prochain livre ?
Oui, et même plus qu’un seul !
Je suis actuellement en train d’écrire le deuxième et troisième tome de Marianne.
J’écris également une nouvelle que j’espère terminer d’ici quelques mois.
Maurice Martin, auteur de Marianne, disponible sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.