Entretien avec Henri Didelle – Le vieil homme est amer

Entretien avec Henri Didelle – Le vieil homme est amer

Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?

L’écriture d’un livre c’est d’abord une aventure solitaire qui demande du temps, de la motivation, des idées et le sens de la mise en forme. Il faut que ce soit d’abord un plaisir personnel. Peu de personne peuvent se permettre d’en vivre, mais la vente, les séances de dédicaces ou la participation à des salons permettent des moments d’échanges et de partages qui sont très jouissifs.

Après la sortie de mon livre, ‘’le vieil homme est amer’’, j’ai enfin compris que dans la vie il ne suffit pas d’avoir raison. Encore faut-il trouver des personnes qui veulent bien comprendre et surtout admettre vos idées. Aujourd’hui, même si la majorité pense que notre civilisation va tout droit dans le mur, seule une minorité est prête à corriger le tir.

Le ‘’après moi le déluge‘’ a encore de beaux jours devant lui. Pourtant, beaucoup savent déjà que ce sont nos enfants, nos petits-enfants… qui vont payer la facture de nos excès. C’est un comportement lâche, immoral, égoïste… que je résume en une phrase. Après avoir été un ‘’béni-oui-oui’’, l’homme moderne est devenu un ‘’déni-oui-oui’’.

Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?

Ce livre peut être considéré comme une synthèse d’une vie marquée par des évènements qui, mis bout à bout, font apparaître un avenir bien sombre. Je ne suis pas un pessimiste dépressif, j’aime la vie, mais j’en ai marre que l’on s’occupe surtout des premiers de la classe. Je pense qu’il faudrait faire l’inverse dans un esprit de solidarité.

Ce livre est la combinaison de plusieurs idées principales. D’une part, le fait que les gens râlent contre tout sans jamais entreprendre quoi que soit de concret. D’autre part, les hommes politiques font tellement d’efforts pour être réélus qu’ils n’ont plus assez d’énergie pour assumer leurs devoirs d’élus. Enfin le laxisme, le non-respect des lois et la pratique ‘’de la patate chaude’’ laissent nos problèmes pourrir au bord de la route…

RESULTAT : aujourd’hui nous sommes sous le joug de menaces planétaires bien identifiées qui mettent notre civilisation en péril. Pourtant, pour ne pas trop se compliquer la vie, beaucoup font semblant de ne pas voir la réalité, laissant à leurs descendants la charge de régler le problème. La 6ème extinction n’est plus de la science-fiction. Notre civilisation est sur liste d’attente. Mais ne vous inquiétez pas, ça va mal se passer. Imaginer le pire laisse quand même un peu d’espoir…

Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?

J’ai pour habitude de noter les évènements importants de la vie, à la queue leu leu dans un fichier, sans idée préconçue au départ. A la longue cela constitue une base de données que je peux orienter dans le temps lorsque l’idée d’un livre se concrétise. A ce moment-là j’essaie de trouver un titre accrocheur et la photo de la couverture qui résument bien ce qui est en train de se construire. Cela peut prendre plusieurs mois, voire plusieurs années et je laisse libre cours à mon imagination.

C’est seulement à partir de là que je commence à rassembler et classer les idées dans le but de trouver quels pourraient être les grands chapitres qui vont constituer le squelette de mon livre. Pour moi le gros-œuvre est terminé et je peux lancer le sous-œuvre, un peu comme la construction d’une maison. L’ossature béton existe et je peux maintenant m’attaquer à l’électricité, la plomberie, la peinture… dans un ordre plus ou moins établi à l’avance à la manière d’un puzzle.

Comme je suis à la retraite j’ai beaucoup de temps à y consacrer. Cela me permet de rester en immersion totale avec mon texte de manière suivie pendant des semaines voire des mois. Je peux passer d’un chapitre à un autre pour me changer un peu les idées, je vérifie tout ce que j’avance avec Google et je note en rouge tout ce qui me pose un problème. Quand le besoin s’en fait sentir j’abandonne ce travail pendant un temps plus ou moins long pour sortir de ce livre afin d’y revenir avec esprit tout neuf et de redécouvrir ce que j’ai déjà écrit.

Henri Didelle, auteur de Le vieil homme est amer, disponible sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.