Entretien avec Jeanne Thibault – Un jeune homme si lointain

Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?

Cela fait toujours une impression étrange d’avoir en main l’objet « livre », sentiment d’être arrivée à bon port puisque ce travail faisait pour moi partie des urgences, des nécessités. Petit moment d’angoisse aussi car il allait être « jeté » sur la place publique et, malgré les dires selon lesquels on écrit d’abord pour soi, on attend la réaction du lecteur.

Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?

Mes premiers lecteurs, en tous cas les premiers retours, ont été tout à fait positifs. Selon la sensibilité de chacun, ils ont été émus par l’histoire de ce jeune homme, certains bouleversés. L’ouvrage n’a laissé personne indifférent. Certains, proches de moi, ont pu être parfois gênés se trouvant, d’après eux, dans une position de voyeur par rapport à moi.

D’autres l’ont bien lu comme un roman, oubliant totalement qui était derrière pour suivre ce jeune homme et ses épreuves successives. Et c’est là, je crois, la bonne lecture. Quant aux remarques sur le style, elles ont été favorables en notant que c’était direct et efficace, sans bavardages inutiles.

Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?

J’ai retenu qu’une fois le travail d’écriture terminé, il était très difficile de faire un choix pour envoyer le tapuscrit. Les réponses positives ne simplifient pas le problème. Le doute est permanent. Pourquoi retient-on votre ouvrage ? On vous donne rarement des explications. Et, ensuite avec votre formule d’édition, il faut expliquer que vous allez faire publier un livre alors que personne n’était au courant de votre travail d’écriture…C’est difficile mais pas insurmontable. Il faut simplement accepter de continuer de vous dévoiler mais puisque vous l’avez fait en écrivant, il s’agit simplement de continuer dans la personnalisation.

Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?

Ce livre sert à redonner vie à un homme jeune à l’existence très éphémère puisque gagné par la maladie. Il possédait tous les atouts pour « réussir » et il s’est trouvé empêché. Pris entre deux mondes, il n’aura rien choisi. Si on doit retenir le contexte essentiel (et le lecteur, surtout celui attiré par l’Italie, ne s’y trompe pas), c’est le poids de cette société patriarcale du sud qui n’a guère changé je crois…En réalité le récit d’un exilé.

Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?

Le travail d’écriture ne m’est pas simple. Pas de rituel, pas d’astuce, un gros effort pour traduire en mots un ressenti enfoui depuis longtemps.

Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui, sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?

J’avais déjà écrit un autre livre : Petites Histoires Ordinaires. Edition Edilivre. Le travail avait été plus simple car l’ouvrage était moins personnel. Je vais certainement continuer ce labeur d’écriture, j’ai quelques idées dont je ne vais pas faire part maintenant. Pour l’instant je laisse voguer ce jeune homme…