Entretien avec Marc Fouquet – Le Crépuscule des papillons

Entretien avec Marc Fouquet – Le Crépuscule des papillons

Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?

La satisfaction de voir se concrétiser, sous la forme d’un livre imprimé, un long travail de réflexion, recherche et écriture. Mais également la conscience que le livre, pour être lu, doit être promu. Donc, sur ce titre, l’ouverture sur un monde nouveau : celui de la promotion.

Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?

Mon premier lecteur fut l’auteur de la préface dont je publie un extrait. Il résume, je crois, les réactions parcellaires que je peux recueillir depuis sa parution.

« J’ai lu passionnément le Crépuscule des Papillons. Passionné parce que l’ouvrage capte l’attention de bout en bout du lecteur qui veut connaître la fin. Passion parce que le livre repose sur le déchaînement des croyances dogmatiques. Passion aussi, au sens, du martyre souffert. C’est bien sûr un livre historique, dans bien des sens du terme. Il raconte non pas, une, mais des histoires. L’histoire familiale de l’auteur fournit à la fois le cadre et la matière du livre : cette ancêtre, protestante, camisarde, qui au cœur du 18ème siècle fut engeôlée, dans la Tour de Constance, aux côtés de l’emblématique Marie Durand, dans les désordres de la révocation de l’édit de Nantes et, paradoxe ironique, à l’aube du Siècle des Lumières. Mais les petites histoires sont coulées dans la grande avec H majuscule : on dirait par raccourci guerres de religion, proscriptions, excommunications et combats, finalement victorieux par des chemins détournés pour la liberté de conscience et de religion. L’ouvrage de Marc Fouquet prend par moment la dimension d’une étude. Il est étayé d’une masse de documents, de faits, de lieux, de sites, de monuments qui attestent du travail de l’historien et de l’intellectuel. Ce sont bien des livres (Aristote et St Thomas d’Aquin) qui sont au centre de la bataille. Quel est donc, hors de l’historiette, le sujet du livre ? En réalité c’est toujours le même que développe Marc Fouquet. Autour de la bataille pour la possession d’un Trésor – spirituel –, les manuscrits du Peri Hermeneias d’Aristote et le Traité de l’Interprétation, pièce de l’Organon de St Thomas d’Aquin, l’auteur poursuit sa quête, entamée dans ses ouvrages précédents : Comment peut-on gérer la diversité dans l’unité ? La différence et le pluralisme sur un socle commun ? Les hommes peuvent-ils sinon s’affronter du moins de confronter sans se détruire et si possible en se respectant ? Comment organiser le dialogue de la Foi et de la Raison ? Vue ainsi, la question du « Crépuscule des Papillons » n’est pas un phénomène historique clôturé entre le XIVème et le XVIIIème siècle. C’est une question d’une actualité brûlante à laquelle de nombreux pays, la France en tête, sont cruellement confrontés aujourd’hui. »

Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?

La réaction positive des Éditions Maïa au moment du dépôt du tapuscrit (heureuse surprise comparée aux réactions des grands éditeurs). J’ai aussi découvert les qualités relationnelles d’une maison créée par des auteurs – probablement confrontés au mur d’incompréhension érigé par les grands noms de l’édition, plus intéressées par le nom de marque de l’auteur (donc sa notoriété) que par le travail d’écriture d’un illustre inconnu !

C’est la première fois que j’expérimentais, comme auteur, le crowdfunding, conçu à l’origine pour être un financement de projets via des plateformes en ligne. J’en déduis, par ma nouvelle pratique avec les Éditions Maïa, qu’il s’agit également de tester la correspondance entre le projet (le livre) et son marché (son lectorat). Ce pourrait être, de façon plus permanente, un outil au service de la visibilité.

Par ailleurs – pour avoir vécu d’autres expériences – j’apprécie particulièrement les qualités de l’équipe de Maïa : réactivité, compétence, suivi et marques d’attention avec l’auteur, conseils. En un mot, j’ai le sentiment d’être accompagné.

Je crois Maïa être une maison d’édition à taille humaine, à l’écoute de ses auteurs et donnant le sentiment d’un travail commun de promotion de leurs livres (pour l’amateur de rugby que je suis on pourrait parler d’attelage, exprimant un jeu solidaire).

Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?

Être authentique.

Conjuguer une dimension littéraire, historique et d’enquêtes avec des faits historiques et sociaux.

Tenter de s’extraire d’une pensée ordinaire et provoquer la prise de conscience et la réflexion.

Mêler les dialogues avec une écriture narrative.

Construire une épopée.

Travailler les dénouements.

Solliciter l’instinct des voyages.

S’appuyer sur une bibliographie abondante.

L’originalité du Crépuscule des papillons est également de tenter l’exploration d’un univers littéraire entre ombre et lumière, en donnant vie à des personnages de pouvoir comme à des gens ordinaires. Nourrit de faits de société, dont il fait son miel, la construction littéraire essaie de partager avec le lecteur sa passion des histoires dans l’Histoire. S’entremêlent : l’histoire des idées et des faits sociaux, les évènements, la science politique, les combats contre les radicalismes de tous ordres, la description des contrées, des paysages ; des réflexions philosophiques, l’histoire des religions. J’ai cherché à entraîner le lecteur dans la spirale du Malin, que j’oppose aux cercles vertueux de la pensée. De puissantes énigmes y côtoient des investigations.

J’espère que la perception de mes lectrices et lecteurs, qui peut ne pas être aussi complète que mes intentions, va dans ce sens.

Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?

Le Crépuscule des papillons : c’est 12 mois d’écriture sans relâche.

Avoir envie d’écrire dit Eric-Emmanuel Schmitt. Cette réflexion, à laquelle j’adhère, je l’ai fait mienne et elle guide en permanence mon travail.

Vivre ce que j’écris est la caractéristique première de mon travail d’écriture.

La méthodologie, au service de la construction du roman historique, se déroula en grandes étapes :

  1. Écriture de l’idée comprenant : les (nombreux) projets de titres du livre ; la description de la période ; l’architecture générale ; les principaux personnages fictifs (avec un texte pour chacun d’eux reposant sur une description de leur personnalité) ; les principaux personnages historiques (sur la base de recherches ad hoc) ; une approche de la chronologie des évènements se rapportant aux datations des faits historiques.
  2. L’écriture du premier chapitre auquel j’apporte un soin particulier.
  3. La mise en forme du plan autour de deux ou trois idées générales pour les trois chapitres à venir.
  4. À partir du cinquième chapitre écrit : je réfléchis à la rédaction d’un synopsis que je perfectionne et rectifie au fur et à mesure de mon travail d’écriture.
  5. La tenue d’un glossaire.
  6. L’écriture proprement dite. Je reviens le lendemain sur ce que j’ai écrit la veille avant de reprendre mon travail d’écriture. À la fin d’un chapitre, j’ai toujours une phase de correction que j’appelle : vérification de la cohérence.
  7. Le travail du style est conçu pour être une activité transversale.
  8. Écrire sans savoir exactement comment le livre se terminera.

Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui, sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?

Oui, bien sûr, j’écris, en ce moment, un quatrième livre.

Il s’agit d’un roman policier et d’espionnage, inspiré de faits d’actualités. Il traite de la spirale du mal et portera sur une fiction. Écrit avec la même méthode que le Crépuscule des papillons, il devrait être terminé à la fin de l’année 2021.

Par ailleurs, j’ai un autre projet littéraire et historique qui, en l’état, demeure dans le domaine de l’idée : celui d’écrire un livre sur la vie d’une personne (père d’un ami), aujourd’hui décédée, qui a connu la vie ordinaire d’un séminariste dans la Corrèze des années trente ; la dernière guerre (faite de rencontres ordinaires et exceptionnelles comme simple soldat de l’armée française régulière sous le commandement de Pétain, puis comme engagé derrière le Général de Gaulle) ; les affres de la libération ; les décorations gagnées par son courage et son mérité ; une fin de vie dans un emploi de gardien d’immeuble où il n’aura de cesse de rappeler les valeurs devant guider la France.

Marc Fouquet – www.marcfouquet.com

Marc Fouquet, auteur de Le Crépuscule des papillons, disponible sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.